Le phénomène de kidnapping d’enfants prend‑il de nouvelles dimensions en Algérie ?
On n’a pas encore les chiffres de l’année 2012. Cela dit, nous avons enregistré un millier d’enlèvements d’enfants ces dix dernières années. Certaines années ont été particulièrement meurtrières, comme l’année 2006, au cours de laquelle 86 enfants ont été tués. Ce qui est sûr, c’est que ce phénomène, de par son importance, interpelle tout le monde.
Est-ce le manque de vigilance des parents ou l’absence de sécurité qui explique l’ampleur de ce phénomène ?
Les responsabilités sont enchevêtrées ! On s’aperçoit, par exemple, que les enlèvements se passent, dans les deux tiers des cas, dans les nouvelles agglomérations construites dans l’obscurité sans plan directeur, et où les gens ne se connaissent pas. Il ne s’agit pas nécessairement de bidonvilles. Il y a des quartiers entiers construits sans autorisation où il n’y a pas de commissariats ou de points de sécurité comme, S’Haoula ou Sidi Abdellah.
D’un autre côté, la responsabilité des parents est certaine. En 2008, il y a eu l’affaire Yacine Bouchlouch, un enfant de 4 ou 5 ans enlevé à presque 800 mètres de chez lui à 13 heures. Mais il y a eu une prise de conscience depuis cette affaire. Les gens sont plus vigilants. Il n’y a qu’à voir le matin au niveau des écoles primaires, le nombre d’enfants accompagnés par leurs parents.
Comment y remédier ?
Dans les villes modernes, quand il y a un enlèvement, il y a des programmes de prévention et de poursuites. Nous, on est loin de cela. On dépend d’une loi qui stipule qu’une déclaration de disparition ne se fait que 48 heures après les faits. Il est vrai que les gens réagissent un peu plus vite aujourd’hui parce qu’il y a eu trop de morts.
Mais ça reste des initiatives individuelles. Il faudrait qu’elles aient un socle juridique. Car lorsqu’un enfant de moins de sept ans disparaît et que les parents le signalent, il faut réagir dans le quart d’heure qui suit et immédiatement déclencher le plan de recherche. Il faut mettre en place un périmètre de sécurité et un dispositif de communication. On ne peut pas attendre une heure. Cette organisation manque encore et quand elle se met en place, elle se fait tardivement.
In TSA