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A propos de « L’Orgie latine » (2) Les gladiateurs « De l...

Publié le 23 décembre 2012 par Irmavep69

A propos de « L’Orgie latine » (2)


Les gladiateurs

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   « De la grille, soudain béante en gueule profonde et noire, les hommes armés sortent, par groupes, et défilent : il y a des Thraces et des Macédoniens, vêtus de peaux d’ours et de bœufs, dont les mufles couronnent leurs têtes, des Gaulois aux torses nus, aux braies rayées de bleu, de blanc et de rouge, aux longues moustaches blondes dorées et rousses. Puis, des Numides, des Parthes en costumes multicolores, et des nègres nus aux corps de bronze et d’ébène ; des Séres même, safranés, armés de lances en forme de fleurs. Des esclaves, armés à la romaine, frappent, de leurs glaives angulaires, les boucliers d’airain, d’argent, d’acier... » Ainsi pénètrent dans le Colisée les gladiateurs (du latin : gladiatores signifiant « combattant à l'épée », ou « épéiste ») parmi lesquels le jeunes et vaillant Sépéos précédé du redoutable Manechus et du sauvage Kerbrix. »

« L’Orgie latine », parmi les nombreuses évocations de la Rome antique, plonge le lecteur dans le monde spécifique des gladiateurs. Bien entendu, nous retrouvons ici tous les codes, désormais bien connus, de représentation de ces hommes d’exception, combattants professionnels, qui avaient, pour la plupart d’entre eux, le statut d'esclaves, engagés volontairement ou non, pour les premiers, en quête d'une vie meilleure grâce à des victoires bien rémunérées. Les gladiateurs se battaient entre eux, à l'origine pour honorer la mémoire d'un mort, puis de plus en plus pour le divertissement du public. Les plus anciennes représentations de combats rituels, ont été retrouvées dans des tombes à Paestum et sont datées entre 370 et 340 av. J.-C.

L'origine étrusque des combats de gladiateurs ne fait ainsi pas de doute. Par contre, ces combats ou munera avaient chez eux une  

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signification religieuse. Le sang ainsi versé devait apaiser les Mânes. Peu à peu ces combats perdirent le caractère funéraire et religieux, le munus sacré devenant un ludus profane. À Rome, le plus ancien combat de gladiateurs mentionné dans les textes se déroule au troisième siècle avant Jésus-Christ (en 264 exactement) sur le Forum Boarium (le marché aux bœufs), espace situé près de l'extrémité nord du Circus Maximus. Ce combat fut rapidement suivi par de nombreux autres dont la finalité fut désacralisée. Ainsi en 105 av J-C, les jeux devinrent publics. Parallèlement, le munus fut réglementé : il fut interdit d'organiser un munus sans autorisation préalable du sénat, d'en donner plus de deux fois par an, ou de faire paraître plus de 120 gladiateurs au cours d'un même spectacle. Seul l'empereur put dépasser les limites fixées.
Les munera évoluèrent, pour intégrer des « chasses » et devenir des spectacles complets, les munera legitima (ou justa), qui comprenaient des chasses et des combats d'animaux le matin, un intermède à la mi-journée et des combats de gladiateurs l'après-midi. Ils seront interdits au IVe siècle par l'empereur Constantin 1er. Mais cette mesure se révéla sans effet réel avant la fin du IVe siècle. Plus que cette interdiction, c'est l'affaiblissement des villes et la récession économique qui provoquèrent la disparition des gladiateurs.
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Le Cirque fut le lieu de gloires de ces spectacles.

Ce sont ces manifestations que met en scène Félicien Champsaur dans des temps épiques de « L’Orgie latine » qui mettent en scène les gladiateurs, dans leur vie quotidienne et dans l’arène, le Grand Cirque, ainsi que des combats d’animaux deux à deux ou en meutes.
   « PAR LES VOMITOIRES, des flots mouvants de peuple débordaient sur les gradins. Des prétoriens argyraspides, – c’est-à-dire armés d’un pilum, d’un glaive et d’un bouclier d’argent, – gardaient les entrées principales. Vigilius Licis, tenant dans sa droite un cep de vigne, sous les ordres de Claudius Severo, tribun militaire, les commandait. Il avait été décidé que le premier jour des jeux serait réservé aux citoyens habitant la Ville. Une tessera – petite tablette de brique où étaient gravés les mots : civitatis civis, – délivrée par les préteurs, servait à contrôler les entrées, afin d’éviter les supercheries. Les désignateurs, employés de l’arène, sorte d’ouvreuses du temps, recevaient ces tessères et montraient au public les places dont le numéro était marqué dessus. Des querelles, parfois, éclataient : des poussées de gens excités, bousculant ceux qui leur barraient le passage. Alors les prétoriens, sur un signe des décurions, intervenaient. Tout le Transtevère et Suburre peuplaient les hauts gradins et le côté des arènes qui regardait le couchant. Une immense loge était, surtout, le rendez-vous des jeunes femmes vendeuses de volupté et des courtisanes d’étuves. Des amoureuses célèbres s’étaient aussi groupées en face des matrones, comme pour provoquer une comparaison entre leurs atours et leurs charmes. Aussi, nombre de patriciens et de chevaliers s’évadaient-ils pour aller saluer leurs amies, pendant que les amants des femmes de haute caste paradaient auprès des épouses. Mais les désignateurs prévinrent que chacun eût à garder son rang pour l’arrivée de César et de l’Augusta, et le tumulte, après une annonce d’un héraut, disant l’ordre du spectacle, s’apaisa.
Alors, des buccines résonnèrent aux portes du cirque, mêlant leurs sonorités d’airain aux strideurs des sistres et aux plaintes grêles  

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des flûtes, coupées parfois par les roulements sourds des timbales et le tonnerre des gongs. Puis les longues trompettes d’argent – seules – éclatèrent, sons brisés éclatants, en une triomphale fanfare. "
   « DEUX TURMES, commandées par Caïus Saper et Arizanus, son rival, qui l’avait défié, parurent, sitôt que le salut à César eut pris fin. C’étaient, sous les ordres de Saper, vingt cavaliers blancs, Celtes et Latins, tandis qu’Arizanus menait vingt captifs noirs devenus gladiateurs esclaves, car leur bravoure leur avait, momentanément, sauvé la vie. »
   « QUATRE DÉCADES DE GLADIATEURS IMPÉRIAUX, cuirassés d’or, succédèrent à Manechus et Lacero. Sépéos en commandait deux avec, comme lieutenant, Caïus Birus. – Cornelio et Chylaïdès commandaient la troupe adverse. »
   « Des convois de bêtes, enfermées en de lourds sabots de bois rectangulaires, clos à l’avant et à l’arrière, de grilles de fer, que des mariniers et des portefaix débarquaient des radeaux amenés d’Ostie, avec leurs chargements de fauves, attiraient sur les bords du Tibre la foule curieuse d’admirer les préparatifs de ses joies sanglantes [...] »

Félicien Champsaur, en latiniste averti, décrit avec précision les postures, les savoir-faire, les techniques de combat et les équipements spécifiques des gladiateurs suivant leurs origines géographiques et culturelles.

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   « Par groupes, les gladiateurs, après un dernier salut à la foule assemblée, rentraient dans les salles alternées avec les vivaria, où les bêtes affamées rôdaient en rond, appuyant leurs mufles aux barreaux et aspirant l’air, lançant, de temps à autre, leurs rugissements ou des miaulements sinistres et nostalgiques. Les rétiaires, armés d’un filet et d’un trident, – les bestiaires qui doivent combattre les fauves, avec une étoffe peinte, la lance ou l’épée, – les Mirmillons, aux casques ornés de panaches en forme de poissons, – les Thraces, sicaires vêtus, à la ceinture, de peaux de bêtes, brandissant leur dague nationale très pointue, à lame recourbée, – les Parthes, avec les arcs et les flèches destinés à simuler des chasses au désert, – les Gaulois portant des sayons de poils de chèvres et des braies rayées, – les Italiques, enfin – et les Romains, qui luttent avec le glaive droit à deux tranchants et le bouclier, se retiraient en bel ordre, pour bientôt reparaître. La turme de cavaliers numides, des Arabes drapés d’envols de laine blanche, montés sur des chevaux petits, nerveux et fins, – et les Latins, cuirassés, à la façon des légionnaires, de lamelles de bronze, tournoyaient dans une vertigineuse fantasia en brandissant lances et boucliers, auxquels s’accrochaient des rais de soleil – passant entre les velaria rayés de blanc et de rouge, tendus sur le grouillement fabuleux de milliers et de milliers de spectateurs. »

Les gladiateurs pouvaient être des professionnels aguerris, tels Manechus ou Kerbrix dans « L’Orgie latine », ou des novices, tel  

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Sépéos. Ils pouvaient être des esclaves ou des hommes libres sans distinction ethnique ou sexuelle (les combats de femmes, extrêmement rares, n'en étaient que plus recherchés).
Sépéos, le héros de « L’Orgie latine », se situe bien malgré lui, -même s’il rêve, par cet emploi, pouvoir se venger de Messaline-, dans cette catégorie d’esclave, de même que son ami, Manechus, le « Roi du Glaive », qui cherche lui, par ses exploits, les faveurs de l’impératrice.
   « LES GLADIATEURS ESCLAVES, rangés sous les arcades d’un immense atrium, sortirent, sous la conduite des chefs de décade, par des portes de bronze, assez basses, qui forçaient certains Gaulois, des Celtes, des Daces et des Lithuaniens, colosses, à baisser la tête. Plusieurs traînaient des chaînes qui entravaient leurs jambes ; d’autres gardaient, à leurs chevilles, des sortes de lames lourdes et dentées que les valets du laniste défaisaient d’un côté seulement, sans les leur ôter, afin que les chefs puissent voir, tout de suite, lesquels avaient été châtiés. "

Quant aux combats de femmes, voici quelques lignes, parmi d’autres, par lesquelles Félicien Champsaur les évoque :

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     « Viennent les gladiatrices ; elles sont trois couples.
Deux luttent, assouplies aux jeux d’athlètes. Les corps musclés, de marbre souple, s’enlacent et les hommes demi-excités par des attitudes, des renversements, des écartements de jambes en l’air dans une volte, acclament les phases du combat, s’enivrent de l’odeur des femmes, dans le relent de l’orgie et les parfums des roses. Armées uniquement d’un glaive et d’un bouclier, deux autres s’escriment ; ce sont des filles campaniennes robustes, mâles un peu, dont saillent les croupes drues et les seins. Elles font étinceler leurs armes et scintiller, aux reflets des lampes, les visages sculptés au sommet de leurs casques d’airain et d’argent ; leurs épées tintent jusqu’à ce que l’une ait chu, le sein droit troué « comme une poire, dit Marcus Pollio, où on plante un couteau ». Du sang éclot et zèbre le ventre de la blessée : on l’emporte.
Deux autres combattent à la lance, et toutes deux, enferrées simultanément, sont emportées aussi par des esclaves, en agonie sur un brancard de fleurs qu’arrose leur sang mêlé : des applaudissements éclatent et des cris de plaisir. »

Les hommes libres qui choisissaient la carrière de gladiateur étaient engagés sous contrat pour une durée de trois à cinq ans après laquelle, s'ils arrivaient vainqueurs à l'issue de leur dernier combat, ils étaient dégagés de leurs obligations et avaient gagné assez d'argent pour s'assurer une vie d'un niveau supérieur et oublier ainsi la pauvreté.

   « [...] LES GLADIATEURS LIBRES– anciens esclaves affranchis, la plupart, à la suite de leurs victoires dans les premiers combats dans le cirque ou soldats ennemis capturés dans les guerres, puis libérés pour leur bravoure sur l’arène – commençaient d’affluer dans l’établissement, ludus gladiatorius, où, sous la direction du laniste Casper, ils formaient des élèves à la pratique de leur art. »

Les combattants étaient entraînés dans des casernes impériales, les ludi, installées dans les provinces. Ces écoles impériales étaient  

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dispersées dans l’Empire, à l’ouest dans les trois gaules, à l’est en Grèce et en Egypte notamment. À côté de ces établissements impériaux, des ludi privés s'étaient multipliés.
Toutefois, à Rome où se déroule « L’Orgie Latine », la préparation des jeux constituait un monopole impérial. Quatre grandes écoles étaient implantées à proximité du Colisée : le ludus magnus, le ludus matutinus, le ludus dacicus et le ludus gallicus. Ces écoles de gladiateurs étaient toutes construites sur un plan identique, simple et fonctionnel : des cellules d'habitation et de service se déployaient autour d'une aire d'entraînement. La plus célèbre de ces écoles fut le ludus magnus, la grande caserne, lieu d’entraînement de Sépéos et de ces amis. Son directeur était un personnage important car, pour la plèbe romaine comme pour l'empereur, l'organisation des spectacles occupait une place de choix dans la vie quotidienne de la cité. Etant donné les enjeux de ces jeux (que l’on se souvienne du fameux « Panem et Circenses »), la fonction de responsable du ludus était honorifique et très bien rémunérée. La discipline y était féroce.
   « Ainsi, Manechus, Cornelio, Birus, Lacero, Salvaz, vingt autres gladiateurs accomplis, firent évoluer, dans l’immense stade, leurs hommes dont les bras se levaient, retombaient lourdement ou, prestes, paraient les coups portés par leurs adversaires. – Et des archers, d’un bout à l’autre des arcades, tiraient à la cible, se défiant d’atteindre des buts imperceptibles et lointains. D’autres guerriers, au commandement des chefs, apprenaient le maniement de la lance – ou du pilum, plus court, de l’infanterie romaine, – qu’ils brandissaient et jetaient contre des mannequins de bois.
(Ces exercices duraient ordinairement plusieurs heures, coupées de repos, – pendant lesquels les hommes buvaient leur ration de vin dans des coupes de terre cuite, ou bien de l’hydromel, que préfèrent les Celtes, les Germains, les Daces, les Kimris et les Saxons.)
Dans de petites cours adjacentes, dallées de marbre blanc, noir et gris, les moniteurs et professeurs, reconnaissables à leurs ceintures de cuir blanc ou jaune, prenaient un à un chaque élève, pour lui enseigner les principes des combats. [...]
Casper, le laniste, survenait, le plus souvent, vers la deuxième heure d’exercices. Aux plus remarquables il prodiguait les encouragements et les conseils, démontrant les coups qu’il préférait, gourmandant ceux dont la mollesse impatientait sa vigueur sanguine. Parfois, il arrachait des mains d’un moniteur son arme, la maniait avec une dextérité sans pareille, ou bien il s’arrêtait en face d’une décade, raillait un coup mal porté ou quelque parade maladroite. »

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Les combats étaient extrêmement réglés, chaque gladiateur ayant, nous l’avons vu, des armes et des techniques de combats spécifiques, codifiées. La mort était bien présente, même si les blessures nombreuses, mettaient souvent fin à l’affrontement. Elles savaient être soignées (on a découvert et vérifié la réalité de la science chirurgicale) et permettaient aux gladiateurs de reprendre l’entraînement puis le chemin de l’arène. Car n’oublions pas que l’entretien et l’entrainement des gladiateurs coûtent chers et que la mort d’un combattant détruit le capital !
   « DEUX DÉCADES DE GLADIATEURS, armés à la romaine, parurent alors, – et enfin. C’étaient des hommes endurcis, pour la plupart d’anciens soldats, trop débauchés pour demeurer dans les légions, ou las de la discipline ; – quelques-uns étaient des esclaves à qui leur courage, leur force athlétique ou la science qu’ils avaient acquises dans l’escrime de toutes les armes, avaient permis de se racheter. Le peuple les acclama. Malgré leurs visières baissées, les habitués des jeux les reconnaissaient à certains signes qu’ils attachaient à leur cuirasse, ou à leur taille, leur embonpoint ou leur maigreur, à leur silhouette connue. [...]
Les décades, sur le signal du laniste Casper, qui assistait au combat, se précipitèrent homme contre homme. Dix glaives se heurtèrent, firent résonner l’airain des boucliers. Des éclairs jaillirent.

Sépéos se trouvait combattre contre Simias, un ancien esclave grec, renommé pour les feintes rusées de son jeu. Mais, soit que la fougue de Sépéos, fonçant sur lui en brandissant son épée au bout du bras tendu, l’eut dérouté, soit maladresse passagère, Simias fit un bond qui le sauva seul du formidable choc, dont le bouclier portait la trace visible : des trépignements et des clameurs accueillirent ce coup d’un débutant. Les tenants de Simias ne s’inquiétaient pas, certains de leur homme, contre un novice sur qui bien peu d’hommes, sinon bien peu de femmes, avaient eu l’audace de parier. Quelques voix, pourtant, croisèrent des chiffres sur les deux noms.
Pendant ce temps, Callixtus contre Kerbrix, Chylaïdès contre Saper, Arizanus contre Manechus, le nègre Sapion contre  

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le vieux Verilis et les autres, luttaient avec des voltes, des bruits de boucliers qui se frappent et des lames qui grincent en se froissant. Un grand cri accueillit la chute soudaine de Simias, dont le corps s’affaissa dans un bouillonnement rouge. Il rendait des flots de sang par la gorge que le glaive de Sépéos avait trouée, à demi coupée.
Sépéos, ayant relevé sa visière, salua du glaive la foule, après un regard sur le corps de l’adversaire agonisant, qui n’était même pas son ennemi. Puis, tourné vers Messaline, Silius et les vestales, il attendit la sentence du Peuple, le Roi aux cent mille têtes, et de l’Impératrice souriante qui l’applaudissait. [...]
D’ailleurs, avant que la grande vestale Calpurnia, l’Impératrice et les consuls eussent décidé de trancher, par leur sentence, les avis de la foule, dont les mains tendues renversaient le pouce en bas ou le levaient en signe de miséricorde, un grand tressaillement détendit le long corps étendu du gladiateur blessé, dont les reins, les jambes et le dos dessinèrent un arc, puis il retomba sans plus donner le moindre signe de vie. »

Félicien Champsaur reprend le mythe du « pollice verso », ce geste du pouce, rendu célèbre par le tableau de Gérôme, tourné vers le bas pour demander la mort d'un gladiateur vaincu, ou vers le haut pour demander sa grâce. On le retrouve dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur le sujet, notamment dans la littérature abondante du XIXe siècle, mais ce geste n’est pas avéré de façon catégorique et sous cette forme par les textes hérités de l'Antiquité. Le public aurait bien plutôt usé de mouchoirs blancs qui, agités, signifiaient la grâce, signes qui étaient ainsi globalement plus visibles de la loge impériale, ce qui n'était pas le cas du pouce levé ou baissé.

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De la même manière, la formule « Ave Caesar, morituri te salutant », qui se traduit par « Avé César, ceux qui vont mourir te saluent » n'était pas prononcée de façon rituelle par les gladiateurs avant de combattre à mort. En réalité cette phrase, authentique, a été prononcé vers 52 par des soldats condamnés pour faute grave, devant se battre à mort lors d'une naumachie organisée par l’empereur Claude afin de fêter la fin des travaux d'assèchement du lac Fucin. Félicien Champsaur reprend cette formulation dans son texte :
   Les gladiateurs « [...], sur un commandement bref du laniste Casper, levèrent ensemble, vers les augustes Majestés Impériales, leurs glaives, qui firent un seul bruit, au sortir des fourreaux. Mille épées semblèrent nues, comme mille gestes de mille hommes parurent un seul geste. Et, solennellement, dans le silence, où les fanfares s’étaient tues, leurs mille voix n’en firent qu’une seule, comme leurs regards fixés sur un même but n’étaient qu’un regard qui dévouait au divin Empereur Claude Ahénobarbe leur mort ou leur victoire :  
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—  Ave, Caesar, morituri te salutant ! »  

...

Le XIXe a été le siècle du roman antiquisant et plus généralement de l’influence de l’antiquité sur les arts. Le texte introductif à « L’Orgie latine » esquisse cette production qui irrigue également le XXe siècle, notamment dans la littérature et le septième art.
Les gladiateurs et la gladiature ont inspiré de très nombreuses formes d’art, la littérature, la peinture, la sculpture, le cinéma... Pour ce dernier, c’est le genre « péplum » qui regroupe toutes les productions...

Je ne peux que vous recommander, à vous, amateurs et/ou curieux du Péplum, la visite des expositions sur ce thème organisées conjointement par les deux musées gallo-romains que sont le Musée de Saint Romain en Gal et celui de Fourvière à Lyon. Ces deux expositions gigognes proposent une splendide évocation du genre péplum, qualificatif qui désignent les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et notamment celles de la Grèce, de la Rome et de l’Egypte. De nombreux péplums ont mis en scène la vie quotidienne des gladiateurs et ont reconstitué leurs combats dans l'arène. Parmi les plus connus, on peut citer ceux inspirés directement de la littérature (« Ben-Hur », « Les derniers Jours de Pompéi », "Fabiola"...) et ceux qui mettent en scène des personnages historiques parfois ré inventés, notamment au XIXe siècle (« Spartacus » par exemple), sans oublier les héros grecs ou latins (Hercule, Alexandre, César, ...). 
Voici quelques vues de ces deux expositions, principalement sur les thèmes qui nous intéressent ici.

 

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   A suivre....  Desmodus 1er


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