Magazine Médias

Cuba : Noël "à compte propre"

Publié le 24 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Ce Noël à Cuba, les travailleurs « à compte propre » ont fait leurs les festivités de fin d’année : une explosion de couleurs pour se démarquer du caractère impersonnel des lieux gérés par l’État.
Par Yoani Sánchez, depuis La Havane, Cuba.

Cuba Noël compte propre
Des petits arbres en plastique apparaissent ici et là, avec les guirlandes conservées des années précédentes et une étoile en fil de fer au sommet. Des conifères superbes, décorés dans le moindre détail, placés dans le lobby des grands hôtels ou les salons des résidences de Miramar. Des lumières, des couleurs, des mélodies qui commencent et repartent sans jamais se terminer. Dans une rue de Nuevo Vedado les habitants sont en compétition pour mettre les décorations les plus brillantes sur les grilles de leurs balcons ou les clôtures de leurs jardins. Mais il y a aussi des maisons, des milliers de maisons sans un seul détail qui rappelle les fêtes de ce mois de décembre. Peut-être par athéisme, par manque de revenus ou par simple apathie pour les célébrations. « Quelles célébrations ? » diraient nombre de gens si on le leur demandait.

Ce Noël, les travailleurs « à compte propre » ont fait leurs les festivités de fin d’année. Dans les petites échoppes où l’on sert des repas, dans les pièces minuscules où l’on vend des babioles, et dans les restaurants particuliers de la Havane, on a manifestement voulu garnir l’espace avec des images du Père Noël, des boules de cristal et des petites lumières clignotantes. Une explosion de couleurs et de chants de Noël qui démarque complètement le secteur privé des services de ses contreparties étatiques. Comme si l’excès de décors et d’ornements était une autre façon de se démarquer du caractère impersonnel de beaucoup de lieux gérés par les ministères ou les institutions. Ces excès visuels aujourd’hui sont très probablement la réponse populaire à toutes ces soirées de Noël à voix basse ou totalement évitées, celles où posséder un arbre et une crèche constituait une preuve de « déviationnisme idéologique ».

On garde aussi le souvenir d’une circulaire signée par José Ramon Machado, aujourd’hui vice président, qui interdisait les arbres de Noël dans les lieux publics. Tentative avortée d’aller jusqu’à règlementer la façon dont nous terminions l’année et que par chance il n’a pas pu poursuivre très longtemps. Ces excès d’interdictions et de fausse austérité ont conduit à l’exubérance actuelle. Nombreux sont ceux qui veulent avoir l’image de la Vierge et de l’Enfant dans leur salon, même s’ils ne savent pas s’il faut mettre du foin ou de la neige autour de la crèche. Il y a partout de grosses fleurs rouge vif, des lumières qui clignotent et des visages replets coiffés d’un chapeau pointu. Tellement de décembres passés dans le « va et vient » des « on ne peut pas » et des « oui, on peut » ont alimenté cette frénésie de Noël. Aujourd’hui ils sont peu nombreux à vouloir laisser les guirlandes dans leurs boîtes ou l’étoile de fer à cinq branches dans un tiroir.

----
Sur le web.
Traduction : Jean-Claude Marouby.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Copeau 583999 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte