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Les Jets et les Sharks vieillissent relativement bien...

Publié le 23 décembre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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La tournée mondiale de la mise en scène originelle de "West Side Story" signée Jerome Robbins, supervisée ici par Joey McKneely (qui fut son assistant), est sans conteste l'un des évènements majeurs de cette saison théâtrale. Depuis le mois d'octobre au Châtelet, et jusqu'au premier janvier prochain, le spectacle se joue à guichets fermés. Nous ne pourrons donc que vous encourager à vous précipiter sur les quelques places à visibilité réduite disponibles chaque soir une heure avant le lever du rideau, car cette production du "Roméo et Juliette" du vingtième siècle imaginé par Arthur Laurents et Leonard Bernstein se révèle remarquablement soignée et aboutie ...

Nous ne vous ferons pas l'affront de vous narrer dans le détail l'aventure amoureuse à l'issue tragique de  Tony et Maria se déroulant sur fond de guerre des gangs, d'intolérance, de racisme et de misère sociale dans l'upper west side new yorkais des années 50. Chacun la connaît. Passons.

Accompagnés d'un orchestre conséquent, des artistes complets, danseurs dotés d'une technique irréprochable, nerveux, précis, bons comédiens et chanteurs aux voix puissantes nous replongent donc un demi-siècle en arrière, simplement costumés, baignés de lumières joliment travaillées, évoluant au coeur d'une scénographie imposante mais aérée (les mythiques escaliers de ferraille extérieurs se meuvent sur le plateau en fonction des tableaux). Les claquements de doigts ne tardent pas à se faire entendre, les Jets affrontent les Sharks, Tony tombe amoureux de "Maria", "Tonight" Maria "feel pretty", et les filles "like to be in America"... Nous y sommes. Un délice !

En 1957, West Side Story annonçait et amorçait un virage sérieux dans l'histoire des spectacles annglo-saxons, bouleversant les codes de l'opéra et du ballet. Et si l'on ressent un héritage classique important dans cette oeuvre considérée comme la première comédie musicale moderne, nul doute qu'elle ouvrit en effet la voie vers plus de liberté aux Bob Fosse, Fred Ebb, John Kander et consorts dans les années 60. Propos ancré dans son temps, diversité des compositions, personnages réalistes, dialogues vifs et concis, humour, chorégraphies audacieuses se détachant d'un certain académisme et empruntant le chemin du Modern Jazz...

Plus de cinquante ans après, le spectacle a forcément vieilli dans sa forme (pas dans le propos) mais n'est absolument pas has been (hormis un ou deux passages) et fait toujours preuve d'une belle efficacité. On a certes parfois la sensation de voir l'Opéra Garnier s'emparer d'une partition contemporaine, car l'execution est très (trop) appliquée (pointes de pieds tendues et petits doigts en l'air jusque dans les bagarres...) et les voix presque lyriques, mais le spectateur serait bien en tort de bouder son plaisir.

Aussi n'hésitez pas à tenter votre chance (au guichet ou en faisant le pied de grue sur le trottoir dès 19h30 pour racheter d'éventuelles "places en trop") afin de redécouvrir l'une des oeuvres fondatrices du Broadway que l'on aime tant.

 Il ne vous reste qu'une petite semaine.


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