Pour la majorité des personnes convaincues par la lutte contre le changement climatique, la rénovation thermique des bâtiments anciens est une priorité absolue. Le président de la République, François Hollande, va dans le même sens: en septembre dernier, il annonçait l'objectif de mettre aux normes énergétiques un million de logements par an.
Mais cet objectif est-il réaliste, est-il réalisable, est-il souhaitable?
On sait déjà que les sommes nécessaires à la réalisation de ce plan sont considérables. Les financements nécessaires n'ont pas été trouvés.
Dans un excellent article, Jean Bruguier démontre les difficultés que nous allons rencontrer pour amortir les lourds investissements nécessaires à la réussite de ces rénovations. Les économies d'énergie auront bien du mal à amortir le coût des rénovations. Il faudra des décennies pour que ces opérations soient rentables, encore davantage si l'on doit emprunter et rembourser un prêt à l'aide de ces économies.
Cette analyse rend encore plus nécessaire la création d'une fiscalité environnementale qui, progressivement, augmente le prix de l'énergie et dont les recettes sont intégralement utilisées pour financer ces investissements.
Dans le sud de la France, où les chauffages sont déclenchés plus tardivement et arrêtés plus tôt, la rentabilité d'une rénovation thermique semble encore plus discutable. Plutôt que de chercher à augmenter fortement l'isolation thermique des logements, n'y aurait-il pas autre chose à faire?
Prenons deux exemples précis pour comprendre.
1-Une vieille maison: une maison des années 30, complètement rénovée à la fin des années 90. Elle a été correctement isolée selon les standards de l'époque. Elle est équipée d'un chauffage central à gaz, avec radiateurs dans toute la maison. Il n'y a pas d'isolation au sol.
La rénovation thermique ne pourra être que partielle ou ... très coûteuse. Une isolation complémentaire du toit où des murs ne règlera pas les remontées du froid par le sol. L'installation d'une isolation du sol réclame un énorme et coûteux chantier qui ne sera jamais amorti.
Il semble préférable alors de travailler à la diminution de la consommation de gaz et de laisser l'isolation en l'état.
Plusieurs pistes sont envisagées:
-changer la chaudière pour une centrale plus économique (à condensation par exemple).
-installer un petit poêle à bois en complément, au centre de la maison, poêle à granulé, équipé d'un thermostat qui sera coordonné pour intervenir avant la chaudière à gaz, qui sera conservé
2-Une école des années 60: Elle est équipée d'une chaudière à gaz. L'architecte a eu l'intelligence de tourner les classes vers le sud: elles sont donc chauffées en partie par le soleil dans la journée. Au nord, on y trouve le couloir qui sert donc de sas thermique.
Il n'y a aucune isolation : la facture de gaz ruine l'école. La seule solution semble donc être de tout détruire et de tout reconstruire pour un coût considérable pour une école bien conçue et où il fait bon vivre.
Mais à part une isolation du mur nord par l'extérieur, aucune solution thermique n'est satisfaisante.
Pour ces deux exemples et pour le contexte particulier d'une courte saison d'hiver en Provence, proposons une autre solution : le complément par capteurs solaires thermiques.
De quoi s'agit-il? On propose de rajouter à un vieux bâtiment utilisant le chauffage central, une installation thermique solaire sur le toit.
Rappelons qu'une centrale thermique solaire a un coût modique : pour quelques milliers d'euros, on achète et on installe 2 mètres carrés de panneaux. Une installation qui permet, par temps ensoleillé, d'élever en une heure l'eau d'un ballon de 200 litres à une température de 80°C.
A partir de cette installation, deux possibilités sont offertes:
-faire serpenter cette eau chaude à l'intérieur d'un circuit particulier, l'amenant dans les parties centrales du bâtiment où il va réchauffer des briques ayant une forte inertie thermique. Le chauffage central traditionnel restera en l'état et en complément. La consommation de gaz sera fortement diminuée. On n'investit pas dans le chauffage actuel qui reste en l'état mais on rajoute un deuxième apport thermique.
-changer la chaudière pour une centrale plus complexe et plus chère à cogénération qui utilisera alternativement le gaz ou l'eau chaude des capteurs pour chauffer le bâtiment. L'avantage de cette solution sera de ne pas rajouter de circuit et d'utiliser le circuit déjà existant
Pendant les périodes où le chauffage n'est pas nécessaire, la chaleur produite est utilisé par un moteur sterling pour fabriquer de l'électricité qui est revendue. Le thermostat du système permet de choisir d'envoyer l'eau chaude dans le circuit ou de l'utiliser pour produire de l'électricité.
Conclusion: en Provence et dans le sud de l'Europe, la rénovation thermique des bâtiments n'est pas toujours la bonne solution. Il semble préférable d'utiliser l'ensoleillement exceptionnel de ces régions pour rénover les circuits de chauffage existants.