Titre : L'enfant maudit, T2 : La marque O
Scénariste : Laurent Galandon
Dessinateur : Arno Monin
Parution : Juin 2012
« La marque O » clôt le diptyque intitulé « L’enfant maudit ».Cette histoire est le fruit de la collaboration de Laurent Galendon pour le scénario et d’Arno Monin pour les dessins et les couleurs. Cet ouvrage est édité chez Bamboo dans la collection Grand Angle. Paru en juin dernier, il est vendu pour environ quatorze euros. Le premier épisode avait marqué ma rencontre avec ces deux auteurs. La lecture avait été agréable et j’ai donc logiquement décidé de m’offrir la suite. La couverture nous présente Gabriel, jeune homme central de la trame. Il découvre un vieux disque dans un appartement d’apparence abandonnée. Pour savoir ce que cela lui inspire, il faudra se plonger dans l’album…
Le site BD Gest présente le synopsis suivant : « Mai 68, quand la France perd son identité, Gabriel cherche la sienne… Berlin, au cœur de l’Europe de 1968. Gabriel est toujours à la poursuite de sa mère et de son identité. De Paris à Marseille et jusqu’aux portes de l’Amérique Laine, il vérifiera toutes les pistes, prendra tous les risques et rencontrera des fantômes du passé qui feront voler en éclats les vérités fragiles qu’il s’était alors construit. Est-il réellement un « rejeton de Boche » comme tout et tout le monde laisse à le penser ? Madeleine Robin, dont il croit être le fils, est-elle bien cette mère tant recherchée ? Est-ce en trouvant la vérité que la malédiction s’achève ? … »
Au risque d’enfoncer une porte ouverte, il m’apparait indispensable de lire le premier tome intitulé « Les tondues ». Le préambule a beau nous offrir un résumé complet de la trame, on ne peut pas s’imprégner pleinement de l’atmosphère et tous les tenants et aboutissants qu’elle abrite. L’attrait principal que j’avais trouvé au premier acte était de m’immerger dans une époque que je connais mal. Il s’agit des années soixante. La société essaie de se reconstruire sans que la guerre soit oubliée. Bien que l’histoire se déroule en mai 68, les événements ne sont qu’anecdotiques dans l’histoire qui nous intéresse.
Le fil conducteur est construit autour des recherches de Gabriel concernant son passé. Il a été adopté et cherche à en savoir davantage sur sa mère. Le premier acte avait posé les jalons du présent et des souvenirs. Il était maintenant temps de dérouler la pelote de laine pour connaitre la vérité sur tout cela. Les informations que nous apprenaient « Les tondues » étaient que Gabriel était le fruit de l’amour d’une française et d’un soldat allemand. Voilà un des sujets tabous de l’époque qui rajoute de l’intérêt à l’intrigue en même temps qu’il complexifie l’enquête du héros.
D’ailleurs, « La marque O » prend un tour très policier. En effet, Gabriel remonte la piste de son passé qui l’amène à éclairer des zones d’ombre et à sortir les cadavres du placard. Il n’est pas toujours bien accueilli et toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. On ressent donc une certaine empathie à l’égard de notre héros. La trame est dense et ne souffre d’aucun temps mort. C’est le point positif de la narration. Par contre, les retournements de situation sont trop fréquents et parfois trop alambiqués pour qu’on y croie totalement. Les rebondissements sont « too much » et nous font décrocher sur le plan émotionnel. Notre concentration a tendance s’orienter uniquement sur l’assimilation des informations au détriment de la dimension humaine de la quête du héros. C’est un petit peu dommage.
Concernant les dessins, je les trouve très réussis. Arno Monin offre des planches très réussies qui reconstituent avec un certain réalisme l’époque. De plus, ses personnages possèdent tous une identité graphique immédiate. Cela facilite notre compréhension de l’histoire et notre empathie à l’égard des protagonistes. De plus, le dessinateur fait varier les angles de vue et offre ainsi une lecture rythmée. Les couleurs sont simples mais habitent parfaitement les illustrations. Sur ce plan là, j’ai apprécié la rencontre avec le travail de cet auteur.
En conclusion, je trouve le second opus moins bon que le précédent. La lecture reste agréable mais moins intense que l’acte initial me le laissait supposer. Néanmoins, « L’enfant maudit » se laisse lire avec plaisir. J’apprécie également que l’auteur se soit contenté d’un diptyque et n’ai pas cherché à diluer sa trame en offrant une série sans fin. Je vous conseille donc davantage de la feuilleter en bibliothèque avant de vous l’offrir. Mais cette histoire m’a quand même donné envie de jeter un œil sur le travail de ces deux auteurs. Peut-être cache-t-il une agréable surprise…
par Eric the Tiger
Note : 12/20