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L'autre moitié de moi-même – Anne-Laure Bondoux

Par Theoma

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« Je suis devenue écrivain pour nommer les fantômes. »

Auteure pour la jeunesse, Anne-Laure Bondoux ne peut plus écrire. Les mots, la manière de s'y prendre, tout semble perdu dans un espace indéfini. Sans qu'elle ne sache ni pourquoi ni comment, Anne-Laure Bondoux comprend que pour y parvenir, elle doit d'abord mettre les mots sur ce qui n'a jamais été.

J'ai été très touchée par cette lecture. La démarche est sincère et sans artifices. La simplicité règne sur des pages qui se donnent sans calculs. Il en faut du courage pour écrire son histoire, encore plus pour la partager.

L'auteure décrit avec précision la difficulté de ne plus écrire, de ne plus être ce qui a semblé nous définir jusqu'ici. La famille est au centre du récit. La famille universelle car Anne-Laure Bondoux écrit notre histoire sans que cela soit la nôtre. Et c'est peut-être ici que réside la force de cet ouvrage.

Le poids des non-dits, des secrets, des schémas qui se répètent de génération en génération. L'esprit qui, à l'instar du corps, refuse d'avancer, stoppe les machines, oblige à prendre du recul. Cette distance nécessaire pour comprendre, prendre acte, afin d'avancer. 

La vie est toujours réversible et les illusions sont perdues. Les mots sont posés, les secrets dévoilés,Anne-Laure Bondoux a fait sens.

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 Bayard, 200 pages, 2011

Extrait

« Le 25 octobre 2010, je quitte mon amie D. aux alentours de dix-neuf heures, pour rentrer chez moi au volant d’une Mazda 6 de couleur bleue, cabossée à l’arrière et rayée sur les deux ailes. À ce moment de ma vie, je suis comme cette voiture : cabossée. Quant à mes ailes, où sont-elles ?

(…)

Le soir tombe sur la banlieue parisienne. Je veux rentrer chez moi pour dîner avec mes enfants, faire acte de présence auprès d’eux, bien que n’ayant guère d’appétit et pas plus de consistance qu’un courant d’air.

Je bifurque dans une rue, déboîte dans une deuxième. Je ne sais plus si je grille le feu, ou si je passe à l’orange en donnant un coup d’accélérateur.

Un enfant est là, sur son vélo, au milieu du passage.  »

D'autres avis répertoriés sur le site de l'auteure

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