C’est le retour de nos chroniques bitrimestrielles pour vous donner quelques idées de lecture à l’arrivée de ces vacances de noël. Après les chroniques de la rentrée et celles de l’automne voici donc une sélection de 12 tomes, qui regroupe des thèmes aussi différents que la dark fantasy et la tranche de vie, en passant par l’aventure et une petite touche de romance…. Et bien d’autres que nous avons classé par univers : le médiéval, le monde moderne et les mondes alternatifs. À vous de découvrir ce que renferme ces catégories
Bonne lecture !
Il était une fois : médiéval et fantasy
Spice and Wolf #3 de Isuna Hasekura et Ju Ayakura chez Ototo – par Fabien
Le commerce, voici le thème principal de Spice and Wolf. Nous y suivons les aventures financières de Lawrence et de Holo, un duo peu ordinaire constitué d’un marchand et d’une divinité louve, chargée de protéger les champs. Après quelques évènements, les deux héros lient leur destin et ils plongent dans leur première affaire commerciale. Au programme : des chiffres, de l’argent et plusieurs retournements de situations.
Le développement de cette première affaire est progressif en distillant les informations au compte-goutte, pour éviter que le lecteur ne se perde dans les chiffres et les mécanismes économiques. Néanmoins, malgré la complexité, l’histoire reste prenante grâce aux rebondissements et au coté attendrissant des personnages féminins, qui plairont à certains. On observe également une amitié se tisser entre nos deux héros, qui s’entraident régulièrement dans leurs opérations marchandes. Les personnages secondaires sont également intéressants, en particulier les commerçants, qui feront toujours le nécessaire pour gagner le plus d’argent possible. Spice and Wolf est à conseiller à tous les amateurs de mangas « Tranche de vie » à condition de ne pas être repoussé par l’aspect financier de l’œuvre, toujours très présent.
Retrouvez la critique complète de la série ici.
Übel Blatt #12 d’Etorôji Shiono chez Ki-oon – par Julien B
Après 2 ans de pause, Etorôji Shiono avait mis fin à l’insoutenable cliffhanger sur lequel il nous avait laissé de façon assez rapide et brutale. Plutôt que de rester focalisé sur Köinzell, pour nous montrer comment il s’en était sorti et remis, le mangaka a choisi de faire considérablement évoluer la situation politique de l’empire, conséquence directe des actions de notre héros. L’histoire gagne ainsi en envergure, tout comme les batailles.Néanmoins, malgré son retour triomphant dans ce tome, Köinzell et sa vengeance restent encore au second plan, et il se contente de suivre le mouvement… Reste-t-il le moteur des évènements à venir ? La suite nous le dira.
Ce retour d’Übel Blatt m’aura laissé comme une légère sensation de « décrochage » par rapport au rythme haletant de la première saison. On y voit une remise à plat de la situation, une redistribution des cartes préparant un nouveau départ. Et si certaines pistes ont été perdues dans la transition, la fin de ce tome 12, relativement surprenante, laisse entrevoir bien des possibilités… On serait bien en peine de prévoir la suite des évènements. On reste donc en haleine, curieux de voir comment la vengeance de notre héros va se poursuivre, et ça, c’est toujours bon signe !
Retrouvez la critique de la série et l’interview de son auteur en vidéo ici.
Notre monde cruel : drame ou comédie, tranche de vie et thriller
Liar Game #13 de Shinobu Kaitani chez Tonkam – par OlivierFélicitations, vous venez de remporter 100 000 000 de yens en vous inscrivant au Liar Game !
Par cette carte anodine accompagnant une somme indécente, la vie de Nao Kanzaki a basculé. Ce jeu où le vainqueur est le menteur le plus habile causera sa perte. Seul Akiyama, un arnaqueur repenti pourrait l’aider à s’en sortir. Les scénarios à énigmes et les jeux psychologiques sont toujours très appréciés au Japon. Liar Game fait partie de celles-là et s’en tire avec les honneurs (et une adaptation en drama). Et pour cause : l’histoire bien menée vous tiendra en haleine et vous surprendra toujours.
Si les énigmes du moment sont globalement bonnes et ne manquent pas de nous faire réfléchir, la trame de fond sur la société LGT et le combat d’Akiyama ne sont pas en reste. Le duo Akiyama/Nao se complète et évolue conjointement, pour finir par former une équipe efficace où la cruche des premiers temps pourra briller sous les feux du génie de l’arnaque.
Enfin le graphisme, même s’il peut rebuter au début, évolue très vite et sert parfaitement l’intrigue. Dans ce genre d’histoire les expressions faciales jouent un rôle essentiel et Shinobu Kaitani sait nous mener en bateau dans les jeux de masques de ses protagonistes.
Bonne Nuit Punpun #5 d’Inio Asano chez Kana – par Fabien
Dans Bonne Nuit Punpun, le personnage principal, Punpun, nous est présenté lors des différentes étapes de sa vie. Nous commençons donc à l’école primaire, où il apprend des sentiments comme l’amour pendant que l’auteur présente les personnages. Malgré quelques thèmes sombres, l’ambiance y est plutôt joyeuse, contrairement à l’arc suivant. Dans ce dernier le drame est à l’honneur et le mangaka n’épargne ses personnages à aucun instant, surtout que la plupart d’entre eux ont un passé douloureux derrière eux. Nous retrouvons un Punpun qui se pose de nombreuses questions existentielles, tandis que le tome 5 marque ses débuts au lycée. Notre héros y trouvera-t-il le bonheur ?
Vous l’avez compris, ce manga s’éloigne rapidement de la comédie. Parfois, une lueur d’espoir se présente, mais disparait en une seconde. On se demande même si les personnages connaîtront le bonheur.
Concernant le dessin, on pourrait penser que la représentation simpliste du héros et sa famille pose problème pour se plonger dans l’histoire, mais c’est le contraire car cette simplicité, avec la multiplication de situations familières, sont juste ce qu’il faut pour s’immerger dans le récit !
Happy! #13 de Naoki Urasawa chez Panini Comics - par Painfool
Après sa défaite à Roland Garros, Miyuki Umino doit se préparer pour Wimbledon. Mais ces tournois qu’elle enchaine dans l’espoir de rembourser la dette de son grand frère, entrecoupés d’entrainements spartiates, commencent à avoir raison de son corps : son genou menace de la lâcher… Tout converge vers Londres pour le dernier tournoi de l’invincible Sabrina Nikolic, que Miyuki doit absolument battre pour éponger ses dettes. Mais arrivera-t-elle seulement suffisamment loin dans la compétition pour la défier ?
Toujours aussi cru dans sa représentation du milieu sportif, Naoki Urasawa démontre encore une fois qu’au delà d’un certain niveau, tout est bon pour gagner. L’attitude de Choko, la star montante du tennis japonais, vis à vis de Miyuki est toujours aussi abominable. Elle se fait exploiter par son entraîneur en mal de renommée et par sa mécène, Utako Ohtori, qui n’ont pas l’air plus inquiétés que ça par sa santé.
Urasawa fait preuve d’une grande Maestria dans ce seinen, dans lequel on perd d’abord foi en l’humanité avant de nous la rendre restaurée, et renforcée. Car si l’héroïne semble entourée de beaucoup de personnes mal intentionnées, ils en existent tout autant qui ne cherchent qu’à aider cette jeune demoiselle au grand cœur.
Retrouvez la critique complète de l’œuvre ici et notre interview de l’auteur à Japan Expo 2012 là.
AfterSchool Charisma #7 par Kumiko Suekane chez Ki-oon – par Ramza
Les coups de théâtre et les révélations continuent de s’enchaîner dans ce tome 7 ! Après avoir fait un bond dans le passé pour découvrir l’histoire de la première génération des clones de Saint Kleio, le retour à la réalité sonne l’heure des choix pour nos jeunes clones : quels clans vont-ils choisir ?
Les survivants de la première génération sont désormais à la tête de deux factions opposés, la première désirant le statut quo et la pérennité de l’université, pendant que la seconde choisit de révéler au public l’existence des clones pour devenir les héros d’un nouveau monde, qu’ils façonneront de leur main. Et encore une fois la question se pose : les clones pourront-ils s’extraire de la destinée de leur modèle ?
Après 7 tomes, on peut désormais statuer sans peine sur l’excellente qualité de ce titre, très loin du simple shōnen ai pour midinettes qu’on aurait pu croire et plus tourné vers le thriller et l’œuvre d’anticipation. Le mélange des deux générations de clones fonctionne à merveille et on peut saluer l’anticipation scénaristique de la mangaka Kumiko Suekane qui parvient à donner une cohérence à l’ensemble, malgré la tripotée de personnages et l’enchainement des rebondissements. On est mené par le bout du nez et on en redemande !
Retrouvez la critique complète de l’œuvre ici.
A town where you live #9 de Kôji Seo chez Pika Edition - par Orian
Ah !!!!! Que j’aimais la région d’Hiroshima, où Haruto a pu résider tranquillement pendant 16 ans, bien que moins tranquillement depuis quelques mois. Car Yuzuki a décidé que nous repartons à Tokyo, dans une résidence que connaissent bien les habitués de Suzuka, et nous avons droit à une nouvelle flopée de personnages secondaires très attachants. Mais pourquoi aller à Tokyo quand on s’appelle « A town where you live » … C’est bien compliqué tout ça !
Ce qui est moins compliqué est d’apprécier le style de Kôji Seo, la star absolue de la romance à base de héros tombeurs dont toutes les filles sont folles (il a trop joué à certains jeux vidéo ce garçon). Vous aimiez la poésie de la campagne, vous adorerez le dynamisme des tokyoïtes, mais non sans profiter une dernière fois des souvenirs d’enfance de Takashi et Akagi…
Au travers d’une promenade le long des chemins de campagne, ou pendant un combat de sumos, les travers du quotidien de ces adolescents, savamment contés par l’auteur, ne sauraient nous laisser insensibles… Nous rappelant tours à tours jeux et amours d’enfance. Le point final de cet arc est empreint de mélancolie mais également porteur d’espoir sur le futur de nos héros.
Autre monde, autre aventure : le fantastique et la SF !
Kurosagi, livraison de Cadavres #11 de Eiji Otsuka (scénario) chez Kana – par Painfool
Le onzième tome de Kurosagi, Livraison de cadavre est enfin arrivé en librairie, deux ans après son prédécesseur ! Toujours en mal de travail, l’équipe de Karatsu se retrouve embauchée dans une école privée pour jeune fille. Si l’agent des services sociaux à la tête de Yakuza, Sasayama, les a pistonnés, ce n’est pas par générosité et l’odeur de la mort ne tarde pas à se faire sentir à travers l’école…
Eiji Otsuka nous fait découvrir un aspect inattendu du passé de Sasayama, révélant une nouvelle facette à ce personnage à la mine patibulaire, et de sa fille adoptive. Elle est d’ailleurs l’actrice centrale de ce scénario bien ficelé et morbide. La principale histoire du volume est accompagnée d’une seconde, plus courte. L’entreprise Kurosagi se retrouve mêlée à une affaire de dopage génétique à cause d’un corps, trouvé dans la piscine d’un hôtel en ruine… Et pour eux, s’il y a des cadavres, il y a du travail !
À cause de la lenteur de sa publication, on pourrait craindre de se perdre en cours de lecture. Cela n’arrive pas grâce au talent narratif d’Otsuka, l’auteur du génialissime MPD Psycho.
Psyren #10 de Toshiaki Iwashiro chez Kana – par Julien B
Ce sont des révélations sur des questions fondamentales de l’intrigue qui sont au cœur de ce tome 10 de Psyren. Les héros obtiennent des informations clés qui vont leur permettre d’aller de l’avant et de reprendre enfin l’initiative pour se rapprocher de leur but, mais pas sans devoir faire certains choix difficiles.
Psyren continue donc sur sa très bonne lancée, mettant ici en avant ce qui constitue son gros point fort : son histoire, bien pensée et bien menée, pas trop linéaire, et surtout qui avance à grands pas. Alors que souvent dans les shōnen d’action l’histoire n’est qu’un prétexte pour enchainer les combats, c’est bel et bien le scénario qui est le moteur de Psyren, et les affrontements sont à son service, jamais trop long, trop nombreux ou redondants, tout en restant passionnants.
Quant à l’humour qui tend à se raréfier ou perdre son impact au fil des tomes dans les shōnens classique, il reste présent et fonctionne toujours aussi bien. Et je ne parle même pas des personnages, souvent un peu barrés et attachants. En fait Psyren possède toutes les qualités d’un bon shōnen d’aventure, en parfait équilibre, tout en parvenant à en éviter les habituels écueils. En deux mots, une franche réussite.
Blood Lad # 3 par Yûki Kodama chez Kurokawa – par Ramza
La découverte des créatures démoniaques se poursuit aux rythmes de duels de plus en plus puissants. Après Staz le vampire et Wolf le Loup Garou, ce tome 3 marque l’apparition d’un premier ennemi : un démon mutant créé par le douteux docteur Franken à partir de morceaux d’autres entités. La créature a échappé à son créateur et vient mettre la pagaille en ville, en tuant ses congénères pour faire sien leurs pouvoirs.
De son coté Staz est parvenu à sortir de la prison où l’avait enfermé sa sœur car son frère a décidé de lever le sceau qui enfermait ses pouvoirs ! Il est donc temps pour Wolf et Staz de collaborer pour latter la face de cette chimère maléfique !
Blood Lad continue de se positionner dans d’action pure et dure, en adaptant les codes du shônen pour le lectorat de young-seinen, à coup d’hémoglobine et de références destinés aux lecteurs de manga de l’époque de Dragon Ball. Des clins d’œil qui sont sans complexe, à l’image d’un Kamehameha en fin d’ouvrage… Avorté – certes – mais tout de même très jouissif dans l’intention. Le scénario est encore dans sa phase de mise en place et on apprécie pour l’instant le récit un peu aléatoire qui avance sans trop se prendre la tête, à l’image de ses héros nonchalants d’ailleurs. Vivement le premier arc !
Retrouvez la critique complète de l’œuvre ici.
Ratman #6 de Sekihiko Inui chez Kana – par Orian
L’air de rien, Ratman continue son petit bonhomme de chemin au gré de péripéties plus saugrenues les unes que les autres. Cependant, ce tome 6 se situe plutôt dans la veine des parties assez sombres de l’histoire : Rio est enlevé, et Shûto mobilise son réseau pour la retrouver, au point de dévoiler sa véritable identité à son futur ( ?) nouvel ennemi, tandis qu’en arrière-plan les super-héros de rang A+ se mobilisent !
Ratman est une série qui nous met l’eau à la bouche à chaque tome… On attend déjà le tome 7 avec impatience parce qu’on ne sait jamais où l’intrigue va nous mener d’un tome à l’autre, tant tout évolue vite (trop vite ?). C’est peut-être aussi le bémol qu’on peut maintenant lui faire : au bout de 6 tomes, on s’attendrait à ce que l’intrigue soit plus structurée d’un chapitre à l’autre.
Gageons néanmoins que l’auteur saura me faire mentir et répondre à nos attentes, car l’humour de Ratman est excellent, les personnages charismatiques et l’idée de départ mérite d’être creusée. À découvrir donc si vous n’êtes pas encore un Ratfan !
Evangelion #12-13 de Yoshiyuki Sadamoto chez Glénat – par Olivier
An 2000, la Terre connaît un cataclysme sans précédent : le Second Impact. Population décimée, pouvoir politique changeant, une menace vient ternir encore le paysage, les Anges. Semblables à des monstres venus attaquer le Japon, la réponse de l’Homme à ce fléau est l’Evangelion. Ceci étant dit, sachez que la série fonctionne sur les non-dits et le mystère… Beaucoup de choses restent à découvrir avant le chapitre final… Et même après !
Démarré il y a maintenant 17 ans au Japon, la série ne compte que 13 tomes, soit une sacrée attente pour les fans. Mais ce délai s’avère justifiée car Yoshiyuki Sadamoto n’est pas un mangaka de métier et il continue son œuvre sur ses temps libres.
Le format papier offre des clefs de compréhension à l’univers d’Evangelion, Sadamoto étant plus explicite et généreux en informations ici. Cette vision de l’œuvre diffère de l’anime sur l’ensemble, et dans sa manière de traiter le personnage de Shinji.
Si le succès de la série pour son scénario a parfois éclipsé le talent d’illustrateur de Sadamoto, son œuvre remet les pendules à l’heure : les pages en couleur contenues dans l’édition de Glénat sont jouissives… L’essai au format manga est transformé !
Et voilà c’est fini pour cette session de chronique en tout genre. En attendant la prochaine, rendez-vous pendant les vacances de noël pour une rétrospective des lectures 2012 du chocobo !
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