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Un dîner galant chez Marie-Louise, ma cantine près du Canal Saint-Martin. Discussion à bâtons rompus avec un potentiel amant-amoureux-ce-qu’il-voudra. Et puis la bise. Chacun rentre chez soi. Rien de véritablement tangible. Ni l'idée d'une histoire qui aurait commencé ce soir-là, au restaurant. M’engouffrant dans la rame de métro, station République, ligne 5, je croise le regard d’un beau garçon qui en descend. Il change d’avis et remonte. Prend place sur le strapontin à ma gauche. Il a visiblement choisi de poursuivre son trajet sur une route qui n’est pas la sienne. Quelques coups d’œil furtifs. Plus de sa part que de la mienne. Courageux mais pas téméraire, je ne sais trop que dire que faire donc je ne dis rien je ne fais rien. Il feint de lire Le Monde. Je descends à Place d’It’. Il me suit. Sur le quai de la ligne 6, ma correspondance, il m’aborde. « Je vous ai vu, je n’ai pas été insensible à votre charme. » Il bredouille presque. Je n’en mène pas large, non plus. Je suis tout chose. Je lui propose qu’on se tutoie. Il aimerait qu’on se revoie. Un café ? D’accord. Ni lui ni moi n’avons de quoi noter. « Je n’ai pas de portable, » me dit-il. J’enregistre son téléphone fixe dans mon portable. Le lui fais répéter pour m’assurer de le retranscrire correctement. « Salut Sam. Je t’appelle demain. » Nous échangeons un sourire. Il s’en retourne. Je reprends seul mon chemin, le cœur léger, naïf, heureux de l’instant, riche d’une rencontre étonnante et simple, old-style.
Illustration : une porte ornée du tag Amour, chez un ami. Porte où ont démarré les "Amour" peints un peu partout dans Paris, hommage d'un homme amoureux de la fille d'une voisine de mon ami à Vincennes. Photo © desfraisesetdelatendresse