Le cannabis semble surtout affecter la réaction émotionnelle à la douleur et d'une manière très variable selon le patient. Car le soulagement de la douleur apporté par le cannabis varie considérablement d'un individu à l'autre et le THC, l'ingrédient psychoactif du cannabis, aurait tendance à rendre l'expérience de la douleur plus supportable, plutôt que de réellement réduire l'intensité de la douleur. Mais la finalité n'est-elle pas la même ? Réponse avec cette étude d'imagerie cérébrale menée à l'Université d'Oxford et publiée dans l'édition du 20 décembre de la revue Pain.
Le Dr Michael Lee, de l'Université d'Oxford a mené cette petite étude, en laboratoire, avec la participation de 12 hommes en bonne santé. Il qualifie ses résultats d'intérêt scientifique, mais reste dubitatif sur leur impact sur le débat sur l'utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques et appelle à des recherches sur de longues périodes d'étude.
La douleur chronique est un problème de santé complexe, pris en charge par différentes approches parfois nécessairement combinées, dont des traitements pharmacologiques bien sûr, mais aussi la physiothérapie ou d'autres formes de thérapie physique et le soutien psychologique. Le cannabis fait partie – même si nombreux sont ceux qui s'oppose à son usage thérapeutique- des moyens de prise en charge possibles, de la douleur, mais il y « réussit » plus ou moins bien en fonction des patients. Ainsi, certains patients rapportent un grand soulagement, d'autres très peu d'effet du cannabis sur leur douleur, voire, des effets secondaires. L'étude du Dr Lee avait pour objectif de comprendre cette variabilité du bénéfice du cannabis dans la prise en charge de la douleur.
L'expérience de la douleur plus supportable avec le THC: Son équipe d'Oxford a mené une série d'examens par IRM sur 12 volontaires qui ont reçu soit un comprimé 15 mg de THC (delta-9-tétrahydrocannabinol), soit un placebo avant de recevoir, sur un petit morceau de la jambe une application de crème contenant 1% de capsaïcine, et entraînant une sensation de brûlure douloureuse ou bien une crème placebo. Les participants ont été invités à rendre compte de l'intensité et du désagrément causé par la douleur.
La prise de THC n'induit aucun changement dans l'intensité déclarée de la brûlure, mais une réduction du désagrément déclaré lié à la douleur. Si, malgré le petit nombre de participants, ce résultat apparaît clair et statistiquement significatif –selon les auteurs-, une autre constatation est la large variabilité de l'effet du THC sur la douleur selon le participant : Ainsi, seuls 6 d'entre eux rapportent une nette évolution dans le désagrément causé par la douleur.
L'imagerie cérébrale va confirmer ces conclusions : Le niveau de désagrément de la douleur est associé à une suppression de l'activité dans le cortex cingulaire impliqué dans de nombreuses fonctions dont les aspects émotionnels de la douleur. La diminution de la pénibilité de la douleur avec le THC est associée à l'activité de l'amygdale droite. Enfin, la force de la connexion chez chaque individu entre son amydale droite et une zone du cortex appelée cortex sensorimoteur primaire est bien corrélée avec les effets différents du THC sur la douleur telle qu' »expérimentée ».
Cette étude suggère ainsi, au-delà de la variabilité de l'efficacité du THS dans la prise en charge de la douleur selon les patients, qu'il serait possible, par IRM, de détecter les patients les plus réceptifs. «Le cannabis ne semble pas agir comme un analgésique classique. Certaines personnes réagissent très bien, d'autres pas du tout, ou même mal. L'imagerie cérébrale montre une faible réduction dans les régions du cerveau qui codent pour la sensation de la douleur, contrairement à ce que nous observons également avec les opiacés. Le cannabis semble surtout affecter la réaction émotionnelle à la douleur et d'une manière très variable ».
Source: Pain DOI: 10.1016/j.pain.2012.09.017 January 2013 (à paraître) Amygdala activity contributes to the dissociative effect of cannabis on pain perception
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