En ce temps-là, je sculptais des nuages
Je leur donnais des formes étranges et insolites
Des formes que personne n’avait jamais vues
Surtout pas dans des nuages
Certains ressemblaient à des îles lointaines
Perdues au milieu des flots
D’autres avaient l’aspect de vagues écumantes
Venant s’abattre avec fracas sur les rochers du bout du monde
Avec mes doigts, je pétrissais leur substance cotonneuse
La malaxant avec amour jusqu’à leur donner l’apparence de mes rêves
Et des rêves, j’en avais beaucoup à distribuer
La nuit je les guettais durant mon sommeil
Et je capturais les plus beaux
Au petit matin, j’en avais tout un tas
De beaux rêves d’amour, de poésie et de liberté
Pour ne pas les retenir prisonniers dans ma chambre
Où ils auraient dépéri tels des oiseaux en cage
Je les incorporais dans l’âme des nuages
Alors poussés par le vent ils partaient à la conquête du monde
Allant dire à tous qu’il existe quelque part des îles lointaines perdues dans l’océan
Et des vagues écumantes qui se fracassent contre les rochers
A ceux qui me demandaient où se trouvaient ces îles
Et en quelle contrée on pouvait admirer de si belles vagues
Je répondais que ce pays était au fond d’eux-mêmes
Et que pour le découvrir il leur suffisait de regarder les nuages
Les beaux nuages qui traversaient le ciel, remplis de rêves