Si vous arrivez à déchiffrer ce qu’il va suivre c’est que vous ne faites par parti des illettrés français qui représentent 9 % de la population française adulte âgée de 18 à 65 ans et ayant été scolarisée en France – quoiqu’on en soit pas certain. Mais c’est que vous avez également survécus à l’apocalypse, le néant, la fin du monde.
C’est assez ironique de se voir annoncer la fin du monde par une civilisation qui n’a pas su prédire sa propre fin aux mains des sauvages conquistadors espagnols. Mais quel business surtout : les grands hôtels font des formules weekend fin du monde avec évidemment un supplément pour le petit déjeuner nouveau monde du lendemain. La vente des biens de première nécessité – chips, cacahuètes, capotes, vodka, Prince de LU, gilet (par balles de préférence) – a explosé. Une chose reste certaine : ce n’est pas la fin du monde de la connerie. Plus besoin même de procrastination, puisque tout est bien qui finit mal. A vrai dire, la fin du monde n’est pas un fait, c’est un état d’esprit. Comme le décrit à merveille le journaliste libanais Michel Hajji, la fin du monde, c’est quand apparaissent des Adam Lanza ou des Anders Behring Breivik pour tirer à bout portant, dans le Connecticut ou à Utoya, sur des enfants ou des adolescents, par folie idéologique ou pulsionnelle. La fin du monde, c’est quand Psy ou nos starlettes locales deviennent les nouveaux porte-étendards d’une pseudorévolution musicale/culturelle qui n’a rien à dire mais beaucoup à montrer. La fin du monde, c’est quand l’ego malade ne peut plus survivre qu’en échappant à la réalité pour aller se désintégrer dans l’espace virtuel, en pensant se renflouer, à coups de « like ». On va se créer des liens le plus souvent pour ne plus en avoir, en vérité, et c’est tout aussi bien, puisque le virtuel pardonne tout : il suffit de bloquer la personne pour ne plus l’avoir en face de soi.
Il insiste en expliquant également que la fin du monde, c’est quand les Frères musulmans d’Égypte ou les islamistes de Tunisie se « méprennent » – volontairement – sur le message démocratique de tout un peuple en révolte en voulant substituer la théocratie à l’autocratie. La fin du monde, c’est quand Bachar el-Assad peut massacrer durant près de deux ans des femmes et des enfants en toute impunité, comme si la Syrie était son jardin secret, sous les regards du monde entier, avec la complicité active ou passive de la plupart de la communauté internationale.
Le nouveau monde n’a rien de nouveau puisque la fin est tous les jours un peu plus présente. Cette fois-ci avec beaucoup plus de certitude que le calendrier Maya, la fin du monde arrivera puisque c’est nous-mêmes qui la planifions. Comme des grands.