Un peu plus tôt cette semaine, il y avait eu cet article incroyable sur Atlantico.
Je n'ai même pas envie de gaspiller de l'énergie et du temps à faire de l'analyse rationnelle de ces déclarations. C'est déprimant, horrifiant et lamentable. Ca suffit.
CA SUFFIT les bouquins pour enfants qui leur mettent dans l'idée que la 'différence' entre garçons et filles est principalement ailleurs que, justement, dans l'idée.
CA SUFFIT de ne mentionner que dans les trois dernières lignes que ah oui, il existe 'aussi' des différences engendrées par l'éducation et le contexte socioculturel.
CA SUFFIT les livres 'documentaires' pour enfants qui ne voient pas leur propre idéologie.
CA SUFFIT la sélection des articles 'scientifiques' pour coller à l'idéologie en question (par des écrivains et journalistes qui évidemment sont majoritairement des littéraires).
CA SUFFIT les adultes bien intentionnés qui expliquent gentiment aux gamins les raisons biologiques de leurs divers 'insuccès'.
CA SUFFIT. C'est une honte.
C'est la honte numéro un de notre profession, celle d'écrivain pour la jeunesse.
Ecrivains et illustrateurs pour enfants, nous avons une responsabilité vis-à-vis de notre public. Nous n'avons pas le droit de continuer à perpétuer et à encourager, même passivement, cette idéologie nocive. Même pour de l'argent, on ne peut pas justifier d'écrire des textes comme ça. Il n'y a aucune excuse pour ce genre de choses.
L'égalité n'est pas atteinte, très très loin de là, et la littérature jeunesse est l'un des vecteurs principaux du sexisme et de la naturalisation et de la normalisation des clichés sexistes.
Qu'elle soit 'documentaire' ou 'fictionnelle', notre littérature doit être une littérature de responsabilité.
Responsabilité vis-à-vis des enfants, garçons et filles.
Responsabilité par respect de l'enfant qui deviendra adulte.
Par pitié, ne vous faites pas complice de cette idéologie.