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Les partisans du mariage homosexuel ont perdu le match de la rue

Publié le 21 décembre 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

Tribune libre de Philippe de Casabianca : Entre les vociférations entourant le mariage pour tous, l’amour demeure oiseau rebelle

A plus d’un titre, les partisans du mariage homosexuel ont perdu le week-end dernier le match de la rue, tant en termes de militants déplacés à Paris qu’en termes de poésie graveleuse étalée sur les pancartes de manifestants. Visiblement, l’amour qu’on aime chanter n’avait pas trouvé de branche d’olivier où se poser.

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On voudrait s’en réjouir. Car après tout, 60 000 personnes pour la manifestation nationale des partisans du « mariage pour tous », soit près de trois fois moins que la manifestation régionale de Paris, celle du 17 novembre, n’est-ce pas en soi une victoire par défaut? De même, savoir que du côté de la manif pour tous, celle des partisans du mariage naturel autour de Frigide Barjot, Xavier Bongibault et Laurence Tcheng, le slogan le plus acide a été qu’on n’a pas « trouvé d’ovule dans les testicules », voilà qui donne un point supplémentaire à notre combat. Celui d’un certain respect qui doit se faire entendre sans insulter.

« Eux ils prient, Nous, on baise ! »

Qu’a-t-on, en effet, entendu de l’autre bord, entre la Place de la Bastille et les Jardins du Luxembourg dimanche dernier ? Au nom du droit à l’amour entre homosexuels, c’est la cour des miracles qui s’était donnée rendez vous : « Les curés au diocèse, nous on baise » (l’inverse aurait été gênant), mais aussi « Mieux vaut une paire de mère qu’un père de merde » (preuve que certains n’avaient pas encore passé l’adolescence), ou encore « Avec 2 papas pédés, plus d’enfants mal habillés » (dire que c’est au nom de la parité). Mais le pompon, et là, on oubliera toutes les outrances verbales de partisans du mariage naturel, c’était bien « Bite dans le cul ou pas, on veut l’égalité des droits ». Mordant, assurément. C’est signé « les panthères roses ». De l’amour ! Puisqu’on vous le dit.

Bref, la palme des dérapages verbaux, c’était bien dans le camp des militants LGBT de tous poils. S’il fallait encore convaincre, contentons nous de Pierre Bergé qui lança « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence? C’est faire un distinguo qui est choquant». Un artiste ! Puisqu’on vous le dit. Comme bien des commentateurs l’ont souligné, par son outrance, ce chaud partisan du mariage entre personnes du même sexe a ainsi fourni un allié de poids à ses ennemis.

Ne crions pas victoire

En réalité, gardons nous bien de crier victoire. Il est indispensable de réussir les différentes étapes, comme la prochaine, celle du 13 janvier à Paris, 13 heures. En attendant que la mobilisation produise tous ses effets, quel recul pouvons-nous prendre sur l’affrontement qui oppose tenants et opposants du mariage homosexuel ?

D’abord, celui que la nervosité du groupe LGBT va grandissante. L’opération des Femen contre Civitas le 18 novembre en avait été un indice, la manifestation du 16 décembre en signe la confirmation. On est dans l’outrance et on va bien plus loin que l’exercice de bénévoles exposé par Libération. Tous ces militants n’enfoncent pas le clou aussi loin et certains détournent plus sagement les codes du mariage hétéro avec force de robes de mariées. D’autres font comme la manif pour tous et exhibent leurs amis hétéros comme autant de caution morale…

Ensuite, la répétition de ces outrances par des personnes différentes peut amener à penser qu’il ne s’agit pas de dérapage. Pierre Bergé est peut être ainsi incontrôlable. Il n’empêche que c’est toujours dans la même direction. Agenda significatif, il fait la promotion des mères porteuses, à peu près indispensables à la filiation homosexuelle masculine, alors que le soutien à la procréation médicalement assistée bat de l’aile chez les socialistes. Un dérapage peut être, mais bien contrôlé donc et pas très loin de slogans de la culture de mort (« nous aussi on veut des bébés congelés »).

Le terrorisme politique du PS et la complicité de France Info

Le problème avec ces outrances c’est qu’une fois émises, elles ne se satisfont pas d’elles mêmes. C’est le tonneau des Danaïdes de la frustration. Un exemple de plus ? Philip Cordery, député PS des Français du Benelux élu avec près de 70% d’abstention s’est fendu cette semaine d’une lettre envoyée à ses électeurs. Il dénie à Jean-Jacques Rateau, lui aussi élu de gauche par les Français du Benelux la légitimité d’avoir une opinion distincte de la droite ligne du Parti. Tout y passe, de la nature, scandaleuse, au mensonge, car non, ce projet de mariage pour tous ne divise pas les Français. Si, si, j’ai bien lu… Une lettre qui fait froid dans le dos. Le compte des Français de Belgique sur twitter, @Fchoux, s’est biens essayé à la critique : au goulag le temps d’une nuit via une suspension fissa. Ah, Pravda, que de crimes n’a-t-on pas commis en ton nom ?

Pourquoi en réalité arrêterait on ces outrances ? Car même les journalistes s’y mettent, parfois avec subtilité. Pendant la majeure partie de dimanche, France Info s’est ainsi contentée de citer les chiffres de manifestants annoncés par les organisateurs LGTB (toujours plus élevés) en les comparants avec ceux de la police (toujours plus faibles) lors de la manifestation contre ce mariage homo. Un procédé malhonnête. Ah amour, que de crimes n’a-t-on pas commis en ton nom ?

La famille en ligne de mire

En tout cas, lors de cette dernière manifestation, c’était le lot des caricatures défigurées de l’amour qui battait le pavé. Pas des vrais rebelles. Sinon, pourquoi vouloir le mariage des bourgeois ? Peut être parce que ce n’est pas leur seul objectif et que la famille en tant que telle est leur cible. La lecture du site activiste yagg incite à le penser. Il faut donc continuer de dénoncer ces outrances, avec et sans les média mais toujours à destination de nos amis et réseaux sociaux. Il faut photographier, citer, copier ces outrances pour faire témoignage d’une haine qu’on ne soupçonnait pas forcément il y a peu.

Mais il faut répondre avec d’autres armes. Pas avec celles de la haine : nous ne sommes pas boxeurs dans un combat à mort, nous ne sommes pas coqs au milieu d’un champ de parieurs. Pas non plus en organisant une copie de la gay pride pour montrer qu’on respecte les homosexuels. On ne mesurera pas notre succès le 13 janvier à un char d’homosexuels mais au million de manifestants qui viendront. Ne nous trompons pas de bannière. Notre combat, c’est l’enfant. Pas l’homosexualité. En ce sens, Xavier Bongibault a bien assuré qu’il n’y aurait pas tel char « car on refuse le clivage de la société sur des motifs d’orientation sexuelle ». Ai-je encore une tête d’hétéro ?


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