Il ne se passe rien.
Je me suis éveillée tôt, ce qui était une bonne nouvelle en soi, j’étais éveillée, donc vivante. Il ne s’était rien passé. L’amoureux a déposé un baiser sur mes lèvres, qui n’avait pas un goût de dernier.
Je me suis préparée, m’en suis allée travailler. Il le fallait bien, il ne se passe rien.
La rue rue éventrée était semée de crevasses, qu’il me fallut contourner et éviter. Il en va ainsi chaque matin : Marseille se fait une beauté, Marseille est en chantier, Marseille se rêve en capitale.
Dans mes couloirs, à mon boulot, suis presque seule, y a presque personne, et flotte un vague parfum d’indolence, de RTT et de vacances. Il ne se passe rien.
J’ai bu des café, ceux du vendredi pour le booster, le faire passer plus vite. Il ne se passe décidément rien.
Et puis ce soir, il faudra bien que nous nous fassions nos adieux, nous souhaiterons bonnes fêtes et bon bout d’an.
Et puis je rentrerai chez moi, me ferai un plateau télé, lirai un bouquin, lovée dans un plaid, et câlinant mon chat. Il ne se sera rien passé. C’en sera lugubre.
C’est un vendredi de fin d’automne, qui tire sa révérence et cède sa place à l’hiver.