Photographies 1 à 4 du dessus : Poème Les Baisers, 1777. ici sont présentées deux éditions de la
même année avec un frontispice différent.
Jusqu'aux années 1980 on se biche beaucoup dans les rues de Paris : se colle, s’embrasse ...
pratique presque totalement abandonnée à la fin du XXe siècle. J'explique ce terme dans l'article Biches, haute bicherie, bicheuses et daims. Les amoureux se
tiennent par la main ou serrés l'un contre l'autre et s'embrassent dans de longs baisers sur la bouche, aux terrasses des cafés, sur les bancs … et même dans la rue. La photographie de Robert
Doisneau (1912 - 1994) prise en 1950 et intitulée Le Baiser de l'hôtel de ville en est un célèbre exemple (voir ici). Le terme utilisé de 'baiser' est significatif, et en verbe signifie tout simplement : faire un bisou, toucher de ses lèvres une joue, une main, une
bouche … C'est du moins de cette façon qu'il est utilisé jusqu'au XXe siècle. Aujourd'hui on n'oserait pas employer ce verbe comme on le fait autrefois. On lui préfère celui d'embrasser qui veut
pourtant dire : 'tenir dans ses bras'. J'ai écrit il y a longtemps un rapide article sur Les
Baisers.
« Sur l'erbe vert nous seymes ; Alors que nous étions sur
l'herbe,
La maintes paroles deymes Nous nous dîmes de nombreuses choses
Que je ne veuil pas raconter ; Dont je ne veux pas rendre compte,
Quar trop long seroit à compter. Car cela serait trop long de le faire.
Mais sur mon giron s'enclina Par contre, quand se penchant vers moi
La belle, qui douceur fine ha ; La belle qui est si douce,
Et quant elle y fut enclinée, Se mit sur mon coeur,
Ma joie fu renouvelée. Je retrouvais une nouvelle joie.
Et ne sai pas s'elle y dormi, Je ne sais si elle s'endormit
Mais un po somillia sur mi. Ou ne fit que se reposer sur moi.
Mes secrétaires, qui fu la, Mon secrétaire qui assistait à la scène
Se mist en estant et ala Se mit dans l'idée d'aller
Cueillir une verde feuillette Cueillir une petite jeune feuille
Et le mist dessus sa bouchette, Pour la mettre sur sa bouche ;
Et me dist : baisiés ceste feuille. Et me dit « Baisez cette
feuille. »
Adonc amour, veuille ou non veuille, Ainsi amour, que je veuille ou non,
Me fist en riant abaissier Me proposait en riant, seulement
Pour ceste feuillette baisier. De baiser cette jeune feuille.
Mais je n'i osoie touchier, Mais je n'osais le faire.
Comment que je l'eusse moult chier. Même si cela me coûtait.
Lors désirs le me commandoit, Finalement le désir m'inspira
Qu'à nulle riens plus ne tendoit. Que cela ne compterait pas.
Mais cilz tira la feuille à li ; Cependant il retira la feuille
[Pour la suite de cette citation je n'ai pas réussi à traduire]
Dont j'eus le viaire pali ;
Car un petit fu paoureus
Par force de mal amoureus.
Non pourquant à sa douce bouche
Fist lors une amoureuse touche :
Car je y touchai un petiot.
Certes unques plus fait n'i ot :
Mais un petit me repenti,
Pour ce que quant elle senti
Mon outrage et mon hardement,
Elle me dit moult doucement :
Amis, moult estes outrageus.
Ne savez vous nulz autres jeus ?
Mais la belle prist à sourire
De sa très belle bouche au dire ;
Et ce me fist ymaginer
Et certainement esperer
Que ce pas ne li desplaisoit.
Quelques jolies images de baisers : Faïence
en lustre métallique (XVIe siècle) de Deruta, Le baiser
d'après Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Le
Déjeuner en tête à tête de Nicolas Lawreince le Jeune (1737-1807), Psyché
ranimée par le baiser de l'Amour de Canova Antonio (1757-1822), Le baiser
(début XIXe), Baisez Maman
(début XIXe), Couple
d'amoureux aux Champs-Elysées (1932), Photographie de 1958 …
© Article et photographies LM