- que la 183ème fin du monde de l’histoire du monde aura lieu aujourd’hui. Je ne peux pas vous donner l’heure exacte, d’autant que vous êtes peut-être déjà en train de mourir alors que vous me lisez et que je vais peut-être mourir avant la fin de ma phrase, puisque j’écris présentement déjà aujourd’hui, 21 décembre 2012. J’attends deux minutes. Parce que ce n’est peut-être pas tellement la peine de continuer si je décède. Ou alors je continue et si vous voyez une interruption subite des programmes, vous déduirez vous-mêmes ce qu’il faut en déduire. L'eschatologie, le discours sur la fin des temps, n’a jamais eu autant le vent en poupe que jusqu’à aujourd’hui. Les réseaux sociaux, le monde des communications si développé a permis la diffusion de l’information. Ça a fait vendre des bouquins, des émissions de téloche et reconnaissons que ça nous a plus gavé encore que les reportages qui ne devraient pas tarder à venir sur celui des oies aux alentours de 13H13 sur TF1. Parce que Noël viendra et la Saint-Sylvestre aussi. On aura survécu, demain, sans que cette journée ne soit particulière. Et quand on sera rendre compte qu’on est vivant, il faudra bien passer à autre chose. Quel est votre projet dans la vie, jeune homme ? Euh, vivre ? J’ai bon ? Tout bon. C’est ça, le projet. Vivre pour le meilleur et pour le meilleur du meilleur.
- que 7% des femmes avouent avoir déjà pensé aux calories perdues durant un rapport sexuel. Cette étude démontre aussi que pour les femmes concernées, les zones des complexes se concentrent surtout sur leur poitrine, leur ventre et les fesses. L’article que j’ai consulté s’épanche sur l’enquête, ajoute des lignes aux lignes, et autour de cet article clignotent des pubs, apparaissent des liens, étrangement concernant des régimes, des méthodes, des sites, des aliments, des livres. Quid des 93% qui s’éclatent au lit sans penser à leur poids ? Auraient-elles droit à un article avec des pubs pour des sextoys, des liens vers sites de bien-être, de bonheurs à gogo ? Je ne dis pas que ces 93% de femmes ne font pas attention, ne se soucient pas de leur silhouette, je dis qu’elles ne le font pas à ce moment-là, ce qui n’est pas, avouons-le, le moment adéquat pour se concentrer sur le sujet. Je ne dis pas non plus qu’il ne faut pas faire plusieurs choses à la fois, je suis à 2000% pour les multitâches. Je ne dis pas qu’il ne faut pas me faire remarquer que l’expression 2000% est surannée. Je dis aux lanceurs d’études de nous lâcher parfois, de ne pas chercher les biais pour nous faire acheter plus de choses. Mais je leur dis aussi de continuer, puisque je m’en marre. Je dis quoi alors ? Je dis plaisir, et j’y ajoute un S. C’est ça, le projet. Vivre pour le meilleur et pour le meilleur du meilleur.
- que certains hommes souffrent de violents maux de tête pendant l’acte et/ou après avoir fait l’amour. Ce mal peu connu porte le nom de céphalée coïtale ou céphalée orgasmique, et toucherait 1 homme sur 100. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Mes bras s’éloignent de mes côtes en signe de pffisation totale. Oui, bien sûr, il s’agit de compatir, de les plaindre, comme tous ceux qui souffrent et qui survivront à cette journée et qui souffriront demain. Plaindre ces hommes est essentiel, oui d’accord, surtout si leur partenaire fait partie des 7% précédentes. Mais je vous rappelle qu’on était à ça de mourir aujourd’hui ! Ou il faut leur dire ne plus le faire. Ça fait mal, on ne fait plus. Ou on fait différemment. Ou on prend des cachetons. Ou on fait de la sophrologie, de l’hypnose, de l’acupuncture, du parachute ascensionnel, un truc qui marche. Ou bien, je ne sais pas, on essaie de ne pas y penser, de se focaliser sur autre chose. Et puis, si on est au bout du bout des solutions, on passe à la télé, on témoigne, on se félicite de faire partie des rares hommes touchés, d’une forme d’élite de la douleur, on se passionne pour la chose, on ouvre des groupes de discussion, on se fait de nouveaux amis, on attend la vieillesse et la mollesse tranquillement, et on se réjouit de savoir que le nombre de personnes présentes à son enterrement sera nettement plus grand. C’est ça, le projet. Vivre pour le meilleur et pour le meilleur du meilleur.