C'est son second rapport, et il dénonce à nouveau la répression et la discrimination dans les politiques de lutte contre la drogue. Accélération des transmissions du VIH/sida parmi les usagers et leurs partenaires, minimisation des traitements et des outils de prévention contre les drogues, ce nouveau rapport de la Global Commission on Drug Policy, est un nouveau cri d'appel à des mesures de santé publique et des traitements scientifiquement éprouvés et à un profond changement de la vision sociale et médicale de la prise en charge de la toxicomanie.
Les études menées à travers le monde montrent aujourd'hui que la répression, en matière de drogues ne fait que bloquer aux usagers, l'accès aux services de santé publique et aux traitements de sevrage disponibles. D'où un risque d'infection par le VIH très élevé chez les usagers, marginalisés ou emprisonnés parfois pour usage parfois pour des délits mineurs. Les interruptions de traitement liées à la répression accélèrent la propagation du virus.
Dans certains pays les traitements de la toxicomanie ne sont pas ou peu accessibles et les mesures de santé publique ne sont pas appliquées. Le rapport cite ainsi l'exemple des États-Unis, de la Russie et de la Thaïlande qui ne tiennent pas compte des recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et, qui, pour certains s'opposent à la mise en place même des programmes de prévention.
En revanche, le rapport souligne que les pays qui ont adopté des mesures de santé publique et des traitements de la toxicomanie dont l'efficacité a été scientifiquement prouvée, bénéficient aujourd'hui d'une baisse spectaculaire de la propagation du VIH chez les usagers de drogues, en particulier pour les drogues injectables.
Résolument contre les saisies de drogues chez les usagers, les arrestations, les condamnations pénales contre les usagers, le rapport dénonce, face à ce type de politique, un accroissement de l'offre mondiale :
· L'offre d'héroïne aurait ainsi augmenté de plus de 380 % au cours des dernières décennies, passant de 1.000 tonnes en 1980 à plus de 4 800 tonnes en 2010. Dans le même temps son prix aurait diminué de 79 % en Europe.
· En dépit d'une augmentation de plus de 600 % du budget américainconsacré à la lutte antidrogue depuis une trentaine d'années, le prix de l'héroïne aurait également baissé de 80% sur la même période mais sa pureté serait près de 9 fois élevée.
· Au Mexique, la production d'héroïne aurait augmenté de plus de 340 % depuis 2004, période de début de la lutte contre les cartels.
· La cocaïne et le cannabis suivraient les mêmes tendances. Des repères qui montrent l'accessibilité croissante des drogues, sans que l'accès à la prévention et aux traitements progressent au même rythme.
La Commission fait 10 propositions :
- Reconnaître et traiter les liens de causalité entre la lutte contre les drogues et la propagation du VIH/sida et autres conséquences sanitaires et sociales
- Lutter contre les comportements à risque de transmission du VIH etl'insuffisance des approches basées sur des données scientifiques
- Inciter les gouvernements nationaux à mettre un terme aux mesures répressives contre les usagers
- Développer des interventions respectueuses des droits des usagers et basées sur des preuves scientifiques
- Redévelopper les mesures de santé publique éprouvées dans les pays où elles restent sous-utilisées
- Investir dans une palette d'options thérapeutiques et de mesures de prévention éprouvées
- Reconnaître l'échec de la politique menée contre les drogues pour parvenir à réduire la demande et l'offre mondiales
- S'appuyer sur des indicateurs pour mesurer les résultats des politiques engagées
- Appeler les agences de santé de l'ONU à promouvoir les interventions éprouvées
- Bref, agir de toute urgence : La lutte contre les drogues, telle qu'elle a été menée jusqu'à aujourd'hui, a favorisé la propagation du VIH dans de nombreuses régions et en fait contribué à une détérioration de la santé publique.
« Les choses doivent changer”, conclut la Commission.
Source: Global Commission on Drug Policy Rapport
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