Il existe de nombreux livres sur les camps de concentration et la Shoah : des témoignages (Primo Lévi, Simone Veil, Robert Antelme, …), des analyses (Raoul Hilberg, Christopher Browning, …), des fictions (Aaron Appelfeld). Certains sont destinés à un public déjà instruit sur le sujet, d'autres constituent des bases, des sortes d'ouvrages d'introduction. Dans cette catégorie, les ouvrages destinés à un jeune public méritent une attention particulière.
« Le garçon en pyjama rayé » appartient à cette catégorie. Son auteur, d'origine irlandaise, n'a, je pense, pas été confronté directement avec cette triste période. L'idée originale du récit qu'il propose, celui d'un enfant pris dans la tourmente de cette période, mais pas du côté auquel on penserait a priori (je n'en dirai pas plus, l'éditeur semble vouloir privilégier le mystère autour de l'histoire), permet au jeune lecteur d'aborder ce sujet de manière progressive, sans que cela ne nécessite de connaissances préalables approfondies sur le contexte et sur les données historiques de cette période.
C'est là que cet ouvrage m'a gêné. Car le lecteur risque de sortir de cette histoire sans aucune connaissance plus approfondie de cette période. La lecture de la Shoah qui est proposée ici est parfaitement lisse, sans relief. Il n'est pas sûr que quelques mois après avoir parcouru ce récit, le jeune lecteur en retienne quoi que ce soit quant aux données historiques, à l'étendue de la catastrophe. Les vertus éducatives, dans ce contexte, sont fortement oblitérées par les bons sentiments. En-cela, on ne peut s'empêcher de penser au film « La vie est belle », dont la lecture trop légère fut décevante.
Hervé Kabla
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 06 janvier à 14:00
Je viens de lire ce livre en anglais après l'avoir acheté chez Waterstone's qui l'avait eu dans les "must read". Je suis déçu du livre, comme vous les dites, très lisse. J'ai aussi pensé dès les premières pages à une copie facile (et non réussie celle-là) de "la vie est belle". Peu de relief, incongru par moments (des mois durant, les garçons se font face à face sans être interrompu le long des grillages d'Auswitz; grillages qu'ils soulèvent même par moments). Bref, une déception truffée de raccourcis faciles mais peu crédibles... :-(