1789 les amants de la Bastille (ou la révolution sans fraises)

Publié le 21 décembre 2012 par Allo C'Est Fini

Je ne suis pas un fan des spectacles de Dove Attia, le Robert Hossein de notre génération. Les Dix commandements, Mozart l’opéra Rock ou Le Roi Soleil, ce n’est pas mon truc: je n’accroche ni aux mélodies (qui se ressemblent d’un spectacle à l’autre) ni aux chorégraphies. C’est donc avec pas mal de réticence que je me suis laissé embarquer pour les 3 heures du spectacle 1789 les amants de la Bastille. Et pourtant…


Une intrigue désuète, une recension au triple galop des événements qui se sont déroulés de mai à aout 1789, un air de déjà entendu à chaque chanson, pas de quoi fouetter un chat me suis-je dit pendant la majeure partie du spectacle. Seul le décor trouvait grâce à mes yeux: les jeux de lumière produits par la projection d’images animées sur des pans de mur mouvants était assez bien réussi.

C’est vers la fin que quelque chose s’est passé. La troupe s’est mise à réciter la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le spectacle touchait à sa fin, le public s’est levé, et a applaudi. Etait-ce pour les artistes, pour le spectacle, pour ce texte qui a suscité tant d’espoirs révolutionnaires, je ne sais pas. Le fond du décor s’est tapissé de drapeaux tricolores, la salle vibrait aux élans révolutionnaires. Et là, j’ai compris ce qui clochait dans le départ de Gérard Depardieu ou d’Alain Afflelou: ces gens là, en s’exilant, marquent non seulement leur appétit financier, mais se désolidarisent complètement du peuple français. Ce qui cloche à notre époque, c’est la rupture presque irréparable entre une partie des « élites » et le reste de la nation.

Par son retour aux sources aussi naïf soit-il, 1789 a rétabli pendant une fraction de seconde cette unité de la nation, a mi en évidence ces idéaux derrière lesquelles, à bien des égards, nous pourrions tous nous reconnaître, et qui fait que chaque jour je me sens français. Merci Mr Attia d’avoir réussi à faire revivre cette flamme un court instant. Ces moments sont devenus rares, de nos jours.