La littérature antique est à l’origine de ce genre littéraire en Occident avec les Bucoliques, les Eglogues et les Géorgiques de Virgile, les Idylles de Théocrite. Ajoutons à cela le roman intitulé Daphnis et Chloé de Longus. Certains poèmes d’Ausone sont appelés Idylles. Le Moyen-âge cultive de multiples formes de poésies dans différentes langues. La ‘pastorela’ est un genre de la littérature occitane qui relate le plus souvent la rencontre du poète avec une bergère, motif repris ou présent dans la poésie latine et par les troubadours dans les pastourelles françaises. Leur forme dialoguée leur donne parfois des allures de pièces ou de romans. La pastourelle est alors un genre ‘bucolique’ celui-ci imprégnant profondément la poésie et le folklore médiévaux avec ses reverdies et autres rondeaux à danser… La Renaissance italienne remet au goût du jour les oeuvres pastorales antiques avec les poètes néo-latins de la Renaissance : Pétrarque, Boccace, Guarini, Boiardo, Spagnoli, Pontano, Sannazar, Flaminio, Vida, Navagero, et ceux qui écrivent en Italien comme Sannazar (Arcadia), G. B. Giraldi Cinthio (Egle), B. Castiglione (Tirsi), A. Lollio, (Il sacrificio), Tasse (Aminta), Guarini, (Pastor fido), Groto, (Pentimento amoroso), Comte Bonarelli (La Philis de Sciro). La Renaissance françaises’inspire de tout ce qui vient d’Italie. La vogue des idylles, pastorales et églogues commence au XVIe siècle avec Clément Marot, François Habert, Maurice Scève (Arion), Hugues Salel (Eglogue marine), Baïf (Œuvres en rime et autres Eglogues), Ronsard (Chants pastoraux, Bergerie, Le Cyclope amoureux), Remy Belleau (Bergerie), Nicolas Filleul (Théâtre de Gaillon), F. de Belleforest (Pastorale amoureuse), Claude De Bassecourt (Trage-comedie pastoralle ou Myllas), Honoré d’Urfé (Astrée). Le XVIIe siècleBergerie), Du Mas (Lydie), G. Colletet qui écrit un Discours du poème bucolique où il est traité de l’Eglogue, de l’Idylle et de la Bergerie édité en 1657. Astrée influence beaucoup les Précieuses du XVIIe siècle. Antoinette Deshoulières (1638-1694) écrit des œuvres pastorales. Molière sort une Pastorale champêtre. Au XVIIIe siècle, Fontenelle, Gessner (La Mort d’Abel, 1761 ; Idylles, 1762 ; Daphnis, 1764), Léonard (Idylles, 1766), Berquin, (Idylles, 1775), André Marie Chénier [un des Modernes] (Bucoliques), l’abbé Louis Mangenot (deux idylles en prose) ; Florian (Galatée, 1783 et Estelle et Némorin, 1787) continuent. suit cette mode et l’amplifie avec Vauquelin de La Fresnaye, Antoine de Montchrestien, (
La littérature pastorale qui remonte à l’Antiquité la plus tardive est un véritable courant artistique plus que littéraire, véhiculant une philosophie et esthétique d’une beauté et d’une finesse remarquables. L’industrialisation des XIXe et XXe siècles et le brassage des civilisations rendent désuet cet attachement à la terre. Il n’est plus question d’imiter mais de maîtriser et de dominer ; on s’intéresse de moins en moins au sol qu’on foule, son histoire et le savoir qu’il véhicule. Pourtant chaque endroit de la terre a ses trésors à offrir, des trésors bafoués par l’ignorance qui est paradoxalement souvent à la recherche de richesses !
par La Mesure de l'Excellence publié dans : Les Pastorales