Affreux, sale et méchant. À 70 balais, Geremia vit dans un taudis puant avec sa mère. Il est laid, sale, détestable et radin. Geremia est usurier et gare à celui qui ne lui rendra pas ses sous. L'ami de la famille est une comédie à l'italienne qui trouve facilement sa place entre les films de Dino Risi et ceux de Fellini. La grande attraction du fil, c'est évidemment son anti-héros, le type le plus dégueulasse qu'il ait été donné de voir ces derniers mois. Il a beau être repoussant et teigneux, on ne rit pas de lui, mais de la méchanceté chronique qui le caractérise. Comme si se venger de la vie était son unique motivation. Ça donne un film cruel, parfois très drôle, souvent sordide, qui part un peu dans tous les sens mais rend parfaitementhommage aux réalisateurs cités plus haut.
En France, comédie est souvent synonyme de réalisation pauvre, uniquement destinée à servir la soupe aux acteurs. À l'inverse, Paolo Sorrentino livre une mise en scène fantasque, foutraque mais passionnante, qui donne à ses personnages minables une dimension supérieure. Si l'on peut légitimement se sentir perdu au début du film (après quatre plans, on a l'impression d'avoir vu des extraits de quatre films différents), on finit par sentir chez soi, délicieusement vautré dans un fauteuil vieux, collant mais confortable. Et tant pis si la fin du film est presque moraliste : pendant une heure et demie, L'ami de la famille aura été une bonne bouffée d'oxygène, pas assez chargée en gaz hilarant mais définitivement à voir.
6/10