"Ce vendredi 21 décembre, vous êtes invités à la kaz pour une soirée spéciale fin du monde. Amenez à boire." Un ti SMS, parmi des centaines d'autres, qui invitent de façon ironique à célébrer la fin du monde annoncée. Ce vendredi verra, plutôt que des tsunamis, des chutes de comètes, ou encore des explosions volcaniques, les fêtes privées se multiplier, de Saint-Pierre à Saint-Denis, en passant par Saint-Leu ou Bras-Panon.
Pourtant, les Réunionnais sont plutôt réputés pour leur mysticisme et leurs croyances en des forces occultes. Mais là, la sauce magmatique ne prend pas. "Génial, après la fin du monde, il y a aura plein de bolot : tout sera à reconstruire. Ca va relancer le BTP !" ; "Hé, mamzell ! C'est le dernier soir... Allons faire l'amour..." ; Allez, file-moi 100 euros. Tu t'en fous, demain, on sera tous morts" : voici quelques vannes entendues sur les fronts de mers de la Réunion, et dans les hauts.
Personne ne la prend donc au sérieux, cette fin du monde ? A la Réunion, en tout cas, on parle plutôt de fête païenne que de se couvrir le visage de cendres en attendant la fin. Jusqu'à l'Ile de la Réunion tourisme (IRT) qui a opportunément lancé une campagne de pub sur les radios nationales, sur les télés, et sur le web, sur le thème : "Et vous, vous faites quoi pour la fin du monde ? Moi j’ai choisi, je prépare ma valise pour le paradis... Faites comme moi ! Jouez et gagnez un voyage paradisiaque sur l’île de la Réunion". En fait, il s'agit d'un jeu concours avec comme grand prix un voyage aller-retour depuis la métropole pour deux personnes et six jours dans un hôtel grand luxe du Sud.
Pour une fois, l'IRT n'a pas fait des ronds dans l'eau... Des tas de pubs locales jouent aussi de la dérision pour vendre leurs produits estampillés "fin du monde". Bref, en ces temps de crise, et de consommation (fêtes de fin d'année obligent), la fin du monde fait plutôt sourire. Pourtant, un zeste d'inquiétude plombe le sourire ambiant. "Et si ça arrivait vraiment ?", demande une gamine de 13 ans à sa maman sur la plage de Saint-Pierre.
Bon, en tout cas, dès le 22 décembre, rendez-vous sur Le Pirate pour les dernières nouvelles de l'apocalypse.
Laurelen
Dessin : T Gouarch, avec l'aimable autorisation d'infos matin