Le dernier des Mohicans : l’expatrié !

Ahh ! La dure vie de celui qui choisit de s’expatrier !

Je ne parle pas de celui qui est déjà parti, au soleil ou ailleurs, vivre une autre vie, sa vie. Non. J’évoque ici celui qui choisit de quitter son pays pour aller s’épanouir ailleurs.Et je m’interroge…Notre Obelix national quitte la France. Notre ami Depardieu s’en va. Ce qu’il imaginait sans doute comme un départ sans bruit (ce qui vu le personnage et sa corpulence était un vrai challenge) est devenu en quelques jours une affaire d’Etat, un psychodrame politique et une source intarissable de rigolade de bistrot.Auparavant, Bernard Arnaud a fait la même chose. Le quotidien Libération, bras armé de la gauche française qui parle lorsque nos gouvernants ne veulent pas s’exposer, avait titré « Casse-toi pauvre con ». Vous avez remarqué la délicatesse du propos, l’élégance du verbe et le fond de l’idée : la France, on l’aime ou on la quitte. Ça, c’était déjà une idée de Nicolas Sarkozy.Aujourd’hui, le gros et grand Gérard quitte son pays et se fait traiter de minable par le premier ministre en personne. D’autres ministres et parlementaires proposent de faire voter, « en urgence » (sic) une loi pour déchoir ceux qui quittent la France de leur nationalité.Et on y retourne : « payer ses impôts est un acte patriotique », « les français ne doivent pas refuser de se serrer les coudes », « les valeurs de la république sont bafouées par cet acte d’une inqualifiable teneur », « lorsque qu’un porte drapeau de la culture française fait ce coup là, c’est l’expression du mépris de la France et cela manqué de dignité »… Etc, etc…Mais, au fait, pourquoi les Français quittent la France ?Tiens, personne ne pose la question. Certes, notre ami Depardieu procède à une fuite fiscale, tout comme Bernard Arnaud. Mais le problème est bien plus large et complexe.Lors d’une vidéo-conférence d’ExpatUnited avec les représentants des expatriés à l’étranger, je m’étais permis de poser la question à la sénatrice chargée de nous représenter : « mais pourquoi les français quittent-ils la France ? » (Long moment de silence). J’insiste. « Euh, oui, ça c’est une bonne question, c’est que, euh, comment dire… Ils ont envie de vivre une expérience nouvelle ». Nous étions une bonne centaine à participer à cette conférence, on a bien ri.Au Cambodge, nous sommes 4000. Dans le monde, plus de 2 millions. Parmi nous, des salariés d’entreprises françaises en mission. Puis des entrepreneurs. Pourquoi créer de la richesse au Cambodge plutôt qu’en France ? Cette question n’est même pas évoquée, nulle part, par aucune personnalité politique et, plus inquiétant, par quasi pas de journalistes.La question de Nicolas Sarkozy était donc très pertinente : aimez-vous encore la France ? Mais a sa limite : si je ne l’aime pas, je fais quoi ? Si la France est ce qu’elle prétend être, c’est à dire un pays de liberté, pourquoi condamner ceux qui prennent cette liberté ? La France « pète plus haut que son cul », on dirait.Le vrai sujet serait donc plutôt : plutôt que de sanctionner, d’insulter, de trainer dans la boue ceux qui partent, ne serait-il pas plus judicieux de leur donner de bonnes raisons de rester ?