Quel rapport entre la pensée scientifique de Pascal et ses vues sur les preuves de l'existence de Dieu ? Comment le concept de "figure" circule-t-il chez lui de la géométrie à la rhétorique, et jusqu'aux paroles ambiguës des prophètes ? Rue Descartes publie "Pascal : la doctrine des figures", texte inédit en français de Gérard Lebrun, penseur majeur dont l'enseignement au Brésil a influencé des générations de philosophes.
À une époque où les grandes philosophies rationalistes ne mettent pas en question la certitude de pouvoir démontrer l’existence de Dieu et de connaître sa nature, le « concept de Dieu caché» est l’un de ceux qui marquent le mieux l’originalité de Pascal. Selon Descartes, par exemple, l’Écriture nous avertit que « tout ce qui se peut savoir de Dieu peut être montré par des raisons qu’il n’est pas besoin de chercher ailleurs que dans nous-mêmes, et que notre esprit seul est capable de nous fournir. C’est pourquoi j’ai pensé qu’il ne serait point hors de propos, que je fisse voir ici […] quelle voie il faut tenir, pour arriver à la connaissance de Dieu avec plus de facilité et de certitude que nous connaissons les choses de ce monde ». Pascal réplique : « Ce n’est pas de cette sorte que l’Écriture, qui connaît mieux les choses qui sont de Dieu, en parle. Elle dit au contraire que Dieu est un Dieu caché. » ? Or, on peut trouver aisément dans la pensée scientifique de Pascal les motifs qui le poussent à admettre la preuve de Dieu seulement par l’absurde. Outre le fait que la preuve par l’absurde, ou apagogique, est liée au calcul des indivisibles, elle est la seule admissible en physique expérimentale.