Cet article va s’efforcer de répondre avec une rigueur scientifique au commentaire que j’ai reçu hier et que voici ( copier- coller) : » Et je vous fais comme d’habitude le petit reproche de nous laisser à mi- chemin de la conclusion à tirer ….
Pourquoi le faites-vous ?En tant qu’ ancien du « sérail » , comme vous le dites vous-même , n’avez-vous pas bien plus de « billes » que nous pour aller jusqu’ au fond des problèmes ?
- Si on admet que les centrales actuelles durent au moins 20 ans de plus , MAIS si on ne construit plus d’autres EPR en France ,ne pensez-vous pas que les années 2025à 2040 vont devenir très difficiles à passer pour l’électricité nucléaire ? Et pour dire les choses crument une génération 4 de réacteurs sera-t-elle prête , en 2040 , avec ces écolos qui veulent qu’ on arrête tout , recherches compris ??? »
1 :EVOLUTION DU PARC DES REP FRANÇAIS
L’âge moyen des centrales nucléaires francais est de 24 ans . Voir ma photo …
MAIS CE N’EST PAS UNE COURBE DE GAUSS / la première tranche est de 1978 et la dernière date de 2002.Admettons en première approximation que la durée de fonctionnement soit d’abord de 40 ans , IL RESTERAIT ALORS UN TEMPS DE VIE MOYEN DE 16 ANS .Un calcul « brut » nous donne 2012 +16=2028 , un calcul plus raffiné étalerait les arrêts depuis 1978+40=2018 jusqu’à 2002+40=2042 ……
En revanche si : 1°/LA durée de vie DANS LES CONDITIONS DE FONCTIONNEMENT ACTUELS est démontrée possible jusqu’à 60 ans , ce que réclame EDF et qui est mis en application aux USA les dates d’arrêt s’ échelonneront entre 2038 et 2062 …..
2°/ Pour qu’ il en soit décidé ainsi EDF doit apporter la preuve que ses réacteurs travaillent dans les conditions de sureté démontrées lors de la demande de permis initiale .L ‘outil majeur qu’ elle met sur cet objectif s’ appelle « le retour d’expérience » auquel se joint la « procédure de visite décennale » et la requalification complète ….Tous les dix ans l’ inspection à fond de chaque centrale accompagnée du listing des incidents relevés permet à EDF de demander à l’ASN LE RENOUVELLEMENT DE SON PERMIS D’EXPLOITATION
3°/ L’ outil scientifique dont dispose L’EXPLOITANT réside dans deux dispositions principales et plusieurs secondaires .Le vieillissement des cuves de réacteurs sous fluences neutroniques se traduit par une évolution de leur ténacité vis avis de certains chocs thermiques possibles dans des cas d aspersion dits de secours froid . EDF a donc un suivi intra réacteurs d’éprouvettes métalliques ( les « capsules » extractibles)et dont les propriétés de vieillissement peuvent être finement caractérisées en labo chaud . A ceci peut se joindre des moyens d’inspection directe , effectuée lors des opérations de chargement- déchargement par un dispositif immergeable dans la cuve du réacteur et qui peut faire appel aux R.X ,courants de Foucault , ultra-sons etc. …. Bien entendu le suivi de cette cinétique de fragilisation au cours du temps est précieux et prête à critiques car il est difficile de maximiser PAR PREVISION les dégâts pour toutes les zones primaires sous pression et des biais peuvent être rendus possibles …….
2 : LA PREVISION DES PROBLEMES SUR 60 ANS EST DIFFICILE
Ne me demandez pas cher lecteur ( XYZ) de vous en dire plus , car le circuit primaire des REP est non seulement soumis à des contraintes de pression , températures et fluences neutroniques ,mais toutes les conditions de fonctionnement impliquent des variations des régimes thermiques , des variations des propriétés mécaniques et chimiques et aussi des problèmes de corrosion et de vieillissement trivial des composants ….. Et comme je ne fais plus d’inspections depuis ma retraite IPSN(IRSN) ce sont les comptes rendus de l’ASN qui me renseignent …Si rétention il y avait , selon vos propos , adressez vos reproches aux tranches EDF car tout le monde reconnait que l’éthique de l ASN a été irréprochable jusqu’à présent ;…..
3 ; L’EVOLUTION DES ETUDES DE RECHERCHES ET DEVELOPPEMENT SUR LA GENERATION 4 DES REACTEURS NUCLEAIRES
Pour l’instant je ne peux vous en raconter plus que ce que les participants CEA /AREVA/ EDF /CNRS ont présenté au colloque ….Les problèmes budgétaires pour élargir (dans les conditions très resserrées de budget) le programme des diverses solutions possibles de réacteurs à neutrons rapides ou d’ incinérateurs etc. ou pour se pencher sur une solution partielle thorium etc. , n’ont pas été beaucoup évoqués à ce colloque ALLEGRE . Il est clair pour tout le monde qu’ il subsiste encore une petite majorité fragile d’acceptation du nucléaire dans notre pays ….Mais cette acceptation dépendra des conditions politiques et surtout des prochaines modifications climatiques à venir .. Qui agiront peut- être plus surement sur les opinions des populations que ne le feraient les discours …. Il apparait d’ores et déjà, d’après mes courbes que les hydrocarbures fossiles solides , liquides ou gazeux vont élargir leur production et leur spectre de recherches ( plus profond : gaz , pétrole ) , plus maritime , plus envahissant ( lignite à ciel ouvert , gaz de schistes etc. .) ….. Un accroissement de température de 4 à 5 degrés à 50 ans de distance deviendrait probable dans ces conditions ,mais plus encore SI les conditions d’un consensus mondial de modération des consommations d’énergie primaire ne sont toujours pas réunies .On l’a vu à DOHA ! Chacun pour soi et vive la compétition économique ! Donc l’énergie sera nécessairement plus chère même si l’appel aux formes d’énergies renouvelables rencontre un bon accord dans l’opinion de MONSIEUR TOUTLE MONDE .. Ce n’est d’ailleurs pas cette diversification-là qui fera baisser les prix , comme le COLLOQUE ALLEGRE l’a montré ……..
C e n est pas à moi vu mon âge , à juger du parti –pris écologiste :si chacun veut revenir à l ère de la bougie , de la marine à voile , de la traction animale , de la fin du machinisme et de la vie industrielle , du retour au métier de berger de chèvres dans le LARZAC ETC qu’ il le fasse et qu’ il soit assez solide dans ses convictions pour accepter d’en porter seul les conséquences et ne pas aller pleurnicher les subventions …….