Par Fabienne
Histoire de faire honneur à la fin du monde imminente et de nous préparer en images à une ambiance post-apocalyptique… Nous allons aujourd’hui vous présenter un artiste au travail délicieusement morbide !
Angel Roy, l’artiste qui se cache derrière le pseudonyme Autoreverse Graphikart Roy, est de ces personnes dotées d’une fabuleuse qualité : la persévérance, et c’est tant mieux ! Sans cela je ne vous présenterai pas aujourd’hui son univers… Si le coup de cœur pour son travail a été immédiat, la rencontre, elle, a particulièrement tardé… Quelques mois auront été nécessaires pour que cette entrevue ait –enfin- lieu (Mea culpa). Et c’est attablés autour d’une sobre dose de caféine, à quelques mètres seulement du 59 de la rue de Rivoli, que l’artiste nous a présenté son parcours atypique et son travail.
Autoreverse Graphikart • Woman machine Versus, 2012
Au programme, corps décharnés, squelettes… Macabres et fascinantes, les œuvres d’Autoreverse Graphikart mixent photographie et graphisme pour révéler un univers à l’esthétique vintage et bio-mécanique, un espace de dissection et découverte des corps.
Je ne vous en dis pas plus… Car après tout, qui mieux que l’artiste pour parler de son travail ?
C’est parti…
Angel, peux-tu nous parler de ton parcours artistique, de ta formation ?
J’ai un parcours artistique plutôt atypique, je n’ai suivi aucune école d’art et ma « formation » s’est plutôt nourrie, construite autour et grâce à de nombreuses rencontres.
Je suis un autodidacte tout autant en matière de peinture, sculpture que de l’ensemble des techniques que je pratique (…et qui sont nombreuses !). Si j’ai vraiment démarré dans les squats artistiques tels que « L’Hôpital Éphémère »… Je n’ai pas clairement fait mon entrée dans « le cercle » en tant qu’artiste. J’ai surtout beaucoup communiqué pour mon entourage, cumulé de nombreux « jobs alimentaires » principalement dans le milieu de la nuit et de la musique électro et donc développé un incroyable réseau particulièrement.
Tes débuts alors, en tant que plasticien ?
Progressivement et en parallèle de ces nombreuses activités j’ai commencé à ressentir le besoin de créer à mon tour. Dans le courant des années 90, je me suis progressivement lancé dans la photographie, le dessin, le photomontage et la sculpture… Sans prétentions pour un quelconque titre de « pro » de la photo, je continue à aborder la chose avec beaucoup d’humilité : cette pratique me correspond et me plaît !
Je suis « malléable » et fait « œuvre de toute vie et univers ». J’aime l’idée d’être pluridisciplinaire et d’avoir une vie artistique très riche, bien remplie. Et, on peut dire que c’est une chance : c’est actuellement le cas, je cumule plusieurs expositions en même temps et me lance dans de nouvelles collaborations.
Peut-on parler de la nature de ton travail exactement ?
Pour parler de mon travail de façon plus détaillée, je m’intéresse à ce que j’appelle la « décomposition architecturale du corps », le macabre et l’idée de destruction me fascinent. Mes mentors sont -sans surprise- des HR Giger et Joël Peter Witkin !
« Rock&Roll Burlesque », « Divinity » et mes « photographies urbaines » sont trois séries majeures. J’y fais intervenir corps de femmes, éléments bio-mécaniques, squelettes, fragments anatomiques et principes architecturaux. Les différentes séries, pourraient être assez distinctes mais l’ensemble communique, échange et propose une vision surnaturelle, ironique et « drôle » de notre monde : Je me plais à penser que le tout reste d’une grande homogénéité…
Les Shootings réalisés à New York en sont l’exemple parfait, je voulais y présenter « l’arrière boutique » de New York : sa face cachée, son côté underground désuet et constant à la fois ; le tout est dénaturé par ces photomontages composés / décomposés de bâtiments démembrés et post-apocalyptiques ! Cette série m’ouvre un peu aux univers du Street-Art et de la photographie Urbaine. Cette série primée par les Artack Awards, sera présentée tout au long de l’année dans différentes grandes villes Européennes.
Pour ce qui est de mon travail sur le « Bio-mécanique » avec la série « Divinity » , il a tendance à toucher un public plutôt averti. Présentée à New-York jusqu’en fin août dernier « Divinity » se compose de visuels de corps féminins –nus- meurtris par des décompositions squelettiques.
Autoreverse Graphikart • Nativity, 2012
Autoreverse Graphikart • The Mistress, 2012
Quant à mon travail sur le Burlesque « Rock&Roll Burlesque », il est assurément le plus personnel. La démarche plastique est assez différente de « Divinity », dans laquelle je fais appel à des mannequins, ou actrices de « Charme ». Pour cette série je sollicite dans certains cas mes modèles, dans d’autres ils viennent à ma rencontre, mais une constante dans leur choix : ces personnes doivent avoir une énergie et une capacité certaine à encaisser mon travail, sans jugement !
Un des « avant/après » de la série « Zombie Burlesque »
A gauche : Lacy Soto vue par Mila Reynaud, à droite : Autoreverse Graphikart
Au final je cherche la relation elle-même, que je veux « vraie », authentique… Car il faut reconnaître que je vais « leur déchirer la gueule » pour réaliser mon tirage final et que ce genre de choses n’est pas forcément bien appréhendé !
Autoreverse Graphikart • Dark Time 2, 2012
Vous avez aimé ce que vous venez de lire et de voir ? Pour découvrir les réalisations d’Angel en ce moment, ça se passe ici :
En exposition collective avec Oxyum à la T-REX galerie
16, rue des Saints Pères
75007 Paris
Ou… Pour les plus nomades…
Autoreverse Graphikart Roy se prépare pour une exposition à Brooklyn dont les détails seront à retrouver sur sa page Facebook très prochainement
Articles liés
Nuit Blanche 2010 : "Paris" gagné ?Elukubr : un voyage au-delà du réel…Dystopies photographiques à la Goldenbrain galerie