Photographie 1 : Gravure d'Augustin de Saint-Aubin (1736-1807) d'après un tableau de Jean Baptiste Greuze (1725-1806).
Petites dames, grandes dames, dames de qualité, il existe toutes sortes de dames (voir les définitions les concernant) … mais un seul nom désigne sa complétude : la dame. Celle-ci est peut-être la figure la plus importante de l’élégance française. La véritable grâce ne peut se définir. Il est donc difficile de donner une définition de la dame. Être de chair, les poètes courtois (troubadours et trouvères) lui vouent un culte dès le XIIe siècle. Cette adoration (qui peut très bien être physique) est tellement importante et encrée dans les moeurs que l’Église la reprend à son compte à travers la vierge Marie. Comprendre le rôle de la dame dans la société française et en particulier dans l’univers courtois c’est approcher la grâce française dans un de ses fondements. La dame possède toutes les qualités, non seulement physiques, mais aussi intellectuelles, et la finesse innée chez les véritables élégants, que la bonne éducation et le voisinage de gens d’esprit révèlent. Surtout cela montre que l'être humain dans ses relations de couple 'homme-femme' peut être parfait et parfaitement heureux sur cette terre : qu'un au-delà n'est pas nécessaire ; que toute croyance ne reste qu'une croyance … que le désir de perfection est à réaliser ici et maintenant, non seulement en nous, mais aussi dans nos relations avec les autres. Soi et l'autre deviennent 'Un' dans une communion parfaite et ineffable. Le culte de la dame symbolise cette communion entre soi et le monde, entre l'esprit et la matière : une reconnaissance de cette virginité première et immuable, ce chant de béatitude. La poésie courtoise est un appel à la beauté, et une recherche de celle-ci dans une démarche complète. Écrite en latin ou en ancien français, la délicatesse des poètes courtois est relativement méconnue aujourd’hui, ainsi que tout un pan merveilleux de la culture médiévale où la mode (et les modes … musicaux) a une importance réelle. Il suffit de regarder les enluminures des manuscrits pour y voir toute la sophistication des habits et leur richesse de styles, d’inventions et d’exécutions. Il est évident que des petites maîtresses et des petits maîtres existent déjà ; mais il est plus difficile de découvrir leurs noms et définitions. Le rôle de la dame dans la société et l’élégance française se poursuit après le Moyen-âge. Nombre de grandes dames animent des salons, protègent des artistes et des gens de lettres …
Photographie 2 : Gravure del'ouvrager intitulé Gynæceum sive theatrum mulierum de Jost
Amman (Francoforti, Impensis S. Feyrabendii, 1586, 1ère édition). Le titre plus exact est : Gynaeceum, sive Theatrum mulierum , in quo praecipuarum omnium per Europam in primis
nationum... foemineos habitus videre est, artificiosissimis nunc primum figuris... expressos a Jodoco Amano. Additis ad singulas figuras singulis octostichis Francisci Modii,... Jost Amman
(1539-1591) est un peintre, dessinateur et graveur suisse. Son Gynæceum sive theatrum mulierum (visible ici) est un des premiers livres imprimés consacrés aux costumes.
© Article et photographies LM