Le narbe était épuisé...Il avait passé une nuit en pointillés et puis ces jours de froid l'avait fatigué, plus que d'habitude se disait-il. je vieillis, c'est bien normal. Il étira ses branches, remua un peu du tronc...Fallait pas le gonfler aujourd'hui, de mauvais poil qu'il était.
Et l'autre, juste après la sieste en plus, qui pose son flingue contre le tronc...Te fais pas chier mon gars, fais juste comme chez toi, songea le narbe !
Le chasseur avait en effet posé son flingue contre le tronc pour aller chercher le piaf qu'il avait dégommé.
Quand le narbe vit que c'était Mathurin, un gentil oiseau tout sympa qui avait été dessoudé lâchement, il fut pris par une rage folle...Mathurin, il le connaissait bien, il venait souvent se percher sur ses branches et taper la causette.
L'enfoiré ! Il va me le payer.
Au moment où le chasseur voulu remettre la main sur son fusil (chargé, bien évidemment, on n'est jamais trop prudent), le narbe fit un léger bond de côté et l'arme tombi; le coup parta; ou l'inverse.
Le chasseur fut sérieusement blessé au niveau de ce que l'on appelle la partie supérieure de la jambe, donc à proximité des couilles.
Il a fait la tournée des grands ducs : l'hosto de Marmande puis celui de Bordeaux.