La technologie au secours de l’énergie : la fracturation hydraulique pourrait s’avérer être une technologie transitoire, destinée à laisser la place à de meilleures méthodes.
Par Richard North, depuis Bradford, Royaume Uni.
Les commentaires habituels pleuvent suite à un article de Booker sur le gaz de schiste. Ils manquent pour la plupart le point essentiel : en avril, le gouvernement appliquera sa nouvelle et douloureuse « taxe carbone » sur le CO2 émis lors de la production d’électricité à l’aide de combustibles fossiles, taxe qui enflera de £16 à £70 (environ 20 et 86 euros NdT) par tonne d’ici 2030.
Booker note que, malgré l’obsession des médias pour l’augmentation rapide du prix de l’énergie, cette taxe n’est presque jamais mentionnée (ses propres lecteurs la remarquent d’ailleurs à peine). Pourtant, à elle seule, elle alourdira nos factures de milliards par an. Dans 17 ans, elle les aura quasiment doublées.
Là où ça devient vicieux, c’est que cela s’applique tout autant à l’électricité produite avec du gaz de schiste qu’aux centrales à charbon qui fournissent actuellement la moitié de notre électricité et que le gouvernement voudrait voir faire faillite le plus vite possible. Au moment précis où le gouvernement admet à contre cœur que le prix du gaz dont nous avons besoin pour laisser les lumières allumées pourrait baisser substantiellement, il sort donc cette nouvelle taxe qui le fait substantiellement augmenter, ce qui annule en grande partie le bénéfice que le gaz de schiste pouvait apporter.
Bien entendu, tout ça fait partie de la stratégie écologiste, une tentative délibérée d’augmenter le prix des combustibles fossiles pour rendre les « énergies renouvelables » compétitives. La taxe carbone facilite considérablement ce tour de passe-passe.
Le second élément de la stratégie des verts en ce qui concerne le gaz de schiste est de jouer la carte de la peur, en particulier en diabolisant la technique de la fracturation hydraulique (le « fracking ») qui souillerait la terre, rôtirait les bébés et empoisonnerait leurs mères. Sans aller jusque là, il est évident que le forage à grande échelle a un impact environnemental, comme le montre cette collection de photographies (prises en 2009). Mais, alors même que le fracking se généralise, il semble qu’une autre solution soit à notre portée.
Un des commentateurs de Booker fait référence à une technique, l’« Octopus », qui rend le fracking obsolète. Il s’agirait de forer un grand nombre de puits, d’abord verticalement puis selon un rayonnement horizontal, à partir d’un seul site de forage de moins de cinq acres (environ 20 000 m² NdT). Il existe un site au Colorado où 51 puits sont en activité sans avoir recours au fracking et par conséquent sans aucun risque de pollution de l’eau ou d’effets sismiques (risques qui n’ont, rappelons-le, jamais été significatifs). Des forages ont eu lieu sous des villes et des aéroports sans effet observable à la surface. La fracturation hydraulique pourrait donc s’avérer être une technologie transitoire, destinée à laisser la place à de meilleures méthodes.
C’est dans une petite ville nommée Parachute que la « meilleure méthode » en question s’est révélée si efficace. Aussi connue sous le nom de « multi-well pad drilling » ou forage multipuits (illustration plus haut), elle a reçu beaucoup de bonne publicité dernièrement. On la considère comme une avancée cruciale pour l’industrie pétrolière, qui pourrait changer les règles du jeu. Si cette technologie tient la moitié de ses promesses, elle va réduire l’impact environnemental à tel point que les verts se retrouveront coincés.
Un opérateur rapporte que durant le premier trimestre de 2012, 10% de ses plates-formes fonctionnaient en « multi-well pads ». Aujourd’hui, elles sont 45% et représentent une économie gigantesque de $600.000-$700.000 par puits en plus de réduire l’empreinte des forages, voilà à quel point c’est un succès.
On peut imaginer que les verts vont détester ça, comme ils détestent tout ce qui peut nous faciliter la vie et réduire les coûts. Et avec la chute du prix de production, ils vont devoir travailler à augmenter encore plus les taxes. Nous avons donc affaire à une course entre la main destructrice du gouvernement et le progrès technologique, et dans cette course il s’agit pour les politiciens de miser sur le bon cheval.
Alors que les États-Unis deviennent plus compétitifs et leur gaz moins cher, l’agenda vert devient chaque jour moins crédible. Avec cette nouvelle technique, nous avons les moyens de le pousser un peu plus vers les poubelles de l’Histoire. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de soutiens politiques.
----
Sur le web.