Deux aventuriers déjouant les plans colonialistes franco-espagnols
« Les princes du Djebel » poursuit l’histoire d’amitié entre deux hommes que tout oppose, imaginée par Maurin Defrance. Après s’être liés d’amitié sous les salves ennemies de la guerre 14-18 et s’être libérés de leur ancienne vie, Léon Matilo, ancien truand corse, et Calixte de Prampéand, aristocrate issu d’une riche famille d’industriels, se laissent emporter par le souffle de liberté qui souffle sur le rif marocain et mettent les Espagnols en déroute.
S’appuyant sur un fond historique et sur le talent narratif de Fabien Nury (Atar Gull, Il Etait Une Fois en France, La mort de Staline), cette saga ouvre grand les portes du récit d’aventure. Le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer une seconde en suivant l’incroyable destinée de ces princes du Djebel. Reconvertis en trafiquants d’armes, puis en leaders de la révolution, balancés entre les conflits tribaux et manœuvrant habilement entre les plans colonialistes des Espagnols et des Français, les deux aventuriers tentent de trouver leur voie et leur bonheur au Maroc.
Et pour la première fois depuis le début de la série, leurs chemins vont se séparer et leur amitié sera même mise à rude épreuve. Alors que Calixte de Prampéand change de nom, se convertit à l’islam et embrasse pleinement la cause des rifains, son ami corse fait la fiesta à Tanger et profite pleinement de son nouveau statut. Alors que l’un recherche l’argent et les filles faciles, l’autre poursuit le combat et tente de séduire la belle Anissa. Deux trajectoires totalement différentes qui, au milieu de ce jeu de manipulations, risquent bien d’avoir un effet néfaste sur leur amitié.
Côté dessin, le travail à quatre mains de Fabien Bedouel et Merwan Chabane, agrémenté de la colorisation de Romain Trystram, demeure surprenant, mais s’avère toujours aussi efficace. Dans un style qui se détache de la majorité de la production actuelle, les auteurs livrent un graphisme dynamique et séduisant. Alliant scènes de combats et paysages chauds du Maghreb, les auteurs proposent une mise en images personnelle, originale et convaincante, sans parler du charisme des personnages et du pouvoir de séduction d’Anissa.
Une saga à ne pas rater, que vous retrouverez également dans mon Top de l’année et dans mon Top du Festival d’Angoulême.