Parce que l’île Bourbon connaît un important essor économique avec le café, il fallait de la main d’œuvre. 80 000 escales ont alors été introduits sur l’île Bourdon de 1717 à 1817.
Quand l’abolition de l’esclavage est prononcée le 20 décembre 1848, au grand damne des colons, 6 habitants sur 10 étaient esclaves.
C’est le Commissaire général de la République, Sarda-Garriga, qui proclame l’abolition, c’est 62 000 esclaves qui deviennent libres
C’est seulement en 1983 que le 20 décembre est devenu férié à la Réunion. Ce jour férié est une fête, « Fête de la Liberté », également appelée « Fèt Kaf ». Un vrai temps de fête juste avant Noël où de nombreux concerts, expositions, animations sont proposés à tous.
Le maloya, la danse des esclaves (à l’origine)
Comme le hasard fait bien les choses, je viens de finir un livre pile sur la relation des Noirs et des Blancs. Je n’avais jamais entendu parler et limite envie de le lire (je suis plutôt du genre à ne lire que les polars). Puis, petit à petit, je me suis rendu compte que j’en suis devenue presque accro mais surtout que ce livre m’a vraiment ouvert les yeux sur cette histoire Noirs/Blancs.
Je suis parisienne vivant dans un quartier dit populaire depuis ma naissance, tous mélangés, tous métissés… Je n’ai jamais regardé la couleur de peau, pour moi c’était normal. On n’a jamais ressenti le besoin de m’expliquer non plus cette différence sans doute parce que je suis bien Blanche mais n’ai pas moi même d’origine française (j’ai l’impression de parler morceau de viande!!). A la limite, on parle de nos pays d’origine mais jamais de couleur… Un soir, une amie vient à la maison et me dit « qu’est-ce qu’il y a de black dans ta rue! ». J’étais surprise, moi, je fais pas gaffe. J’étais loin de comprendre (ou ressentir) pourquoi le mot « négro » était vécu une agression s’il était utilisé par un Blanc mais je respectais et donc je ne me suis jamais permise. Enfin, le racisme se vit aussi dans l’autre sens: quand vous êtes Blanc, dit le métro (pour venant de métropole), est que vous vivez sur une terre colorée comme la Réunion. Vous en entendez aussi des vertes et des pas mures. Mais pas de généralité, non, non.
La Réunion est justement connue pour être une île métissé où le racisme n’existe pas. La plus métissée de tous les DOM c’est certains: 30% de métros y vivent. Néanmoins, Paris l’est beaucoup plus. Ici les communautés vivent surtout à côté des unes et des autres (historiquement, cela s’est construit comme cela). On note même de grandes disparités quand il s’agit des revenus, de la formation voire le rôle de la femme changent d’une famille à l’autre…
La couleur des sentiments, je n’ai encore lu que le livre
J’ai un peu mieux cerné le « problème » grâce (enfin, je donne le nom du livre) à La couleur des sentiments de Kathryn Stockett. Ce livre devrait être lu au collège ou lycée. Au même titre qu’on enseigne la première guerre mondiale et la seconde, nous avons besoin de comprendre aussi ce passé entre Noirs et Blancs. Ce sont bien les préjugés et l’ignorance qui séparent les peuples, créent des conflits… Ce livre m’a donné envie de faire quelque chose de bien, m’a finalement redonné espoir en me disant que chaque petite bonne action pourrait servir finalement, que toutes ces petites actions comptent pour un vrai changement (non, je ne me lance pas en politique!). Mais c’est quoi ce livre exactement?
Texte de l’éditeur résumé à ma sauce
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. Ce livre est l’histoire d’une amitié sensée être improbable entre Steeker, une bourgeoise Blanche, et d’une bonne, Aibileen, qui poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
Passionnant, drôle, émouvant, La couleur des sentiments a conquis l’Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d’exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.
J’ai hâte de voir le film
Après avoir fini le livre, j’ai eu envie qu’un jour férié existe pour symboliser la fin de l’esclavage. Puis, je me suis souvenue des réflexions que j’ai reçues parfois en tant que Blanche « de quel droit t’en parles toi? ». Ce genre de manifestations n’est-elle pas le prétexte pour se rappeler un passé difficile, de nous montrer du doigt cette couleur de peau et de raviver des tensions? Car si on en parle c’est qu’on est peut-être pas si à l’aise et si on n’en parle pas de cette couleur de peau, c’est que ce n’est pas un problème?
J’aimerai qu’on me dise que oui, je peux me réjouir et même si je ne suis pas Noire parce que l’esclavage ait été aboli, qu’on permette aux Blancs de s’en réjouir aussi car certains se sont battus. C’est un sentiment mitigé que j’ai en ce 20 décembre: de nombreux chanteurs réunionnais ont des chansons sur le thème de l’esclavage et le revendiquent comme s’il y avait encore une rancœur envers les Blancs. J’ai l’impression d’entendre ma grand-mère qui me parle de la guerre. Il faut tourner la page. Cela ne veut pas dire renier ses origines mais trouver la juste dose. C’est comme si nous en voulions encore aux Allemands. Rappelons-nous aussi qu’un mouvement existait contre le nazisme au sein même de l’Allemagne.
Puis, je me suis dis que l’esclavage existe encore: celui de femmes prostituées, d’enfants… « On estime qu’il y a plus de 27 millions de victimes dans le monde, soit plus du double du nombre de personnes qui ont été déportées au cours des 400 ans d’histoire du commerce transatlantique des esclaves vers l’Amérique » selon Les Nations unies. Bien sûr, on parait grossir la liste si on parle de l’esclavagisme moderne!
Alors oui, créons ce genre de journée pour nous rappeler ce que nous avons réussi à faire ensemble et surtout faire avancer la cause, s’il est possible… Elles sont si nombreuses
Joli bébé réunionnais
Craquant aussi!