Il y a quelque chose dans la vie des femmes aux Antilles et ailleurs, quelque chose dans la vie de mes soeurs, de mes cousines, de mes voisines et même, de mes ennemies, qui grouille dans l’ombre.
Quelque chose qui vient de la main des autres,
Quelque chose parfois que l’on détient en soi, destructeur,
Quelque chose qui nous fouille pour savoir si nous en valons la peine,
Quelque chose qui nous soupèse, Nous pèse, devant tous.
Quelque chose qui vérifie nos moeurs, notre carapace,
Quelque chose qui, à notre façon de nous déhancher, mi taw mi ta mwen, nous attribue un nombre d’amants, nombreux, nombreux, nombreux comme les cheveux de notre tête,
Quelque chose qui nous tate, nous et notre présent mais surtout notre passé, Et pourquoi pas celui de notre très chère mère ?
Quelque chose qui met, insidieusement, la main dans notre vagin, qui nous soupèse les seins…
Et qui vous valide : « oui, toi, tu es une bonne femme, aux bonnes moeurs. Tu es notre soeur ».
Ou qui nous vomit : « tu n’es pas des notres, tu ne peux pas eêre des notres, va-t-en avec tes chaleurs. Ne nous parle pas de désir ! »
Désir de vivre… ?
Quelque chose fait de voix mêlées, d’hommes et de femmes…
Quelque chose qui nous juge, qui détermine notre valeur aux yeux de tous,
Un peu comme si, nous les femmes, sortions de la cale du bateau,
Comme Elles, l’avaient déja subi.
Un peu comme si, les colons de l’époque nous évaluaient pour savoir si oui ou non, nous serions de « bonnes femelles ».
Comme Elles, l’avaient déjà subi.
Comme si les descendants de ceux-la même qui nous avaient vu être Tatées, Validées Rabaissées, Méprisées, Humiliées, dans les pleurs et les cris,
Voulaient à leur tour faire « le jeu » de celui qui soupèse, dirige et domine les femmes et leur devenir,
Comme Elles, l’avaient déjà subi.
Un peu comme si, on devait nous vendre à d’autres hommes pour être de bonnes femelles sans failles visibles. Vaillantes. Résistantes.
Poto mitan ?
Les cales du bateau ont disparu.
Mais alors, qui nous fouille ?
Pourquoi moi Femme, suis-je tatée, vérifiée, fouillée pour que l’on puisse me… Valider.
A qui doit-on, cette fois-ci, Vendre ma force, ma chair, et mon vagin… ?
Quel est ce quelque chose qui nous tate ?
Que cherche-t-il à en gagner ?
Et quel est son but ultime ?