C’est à la Comic-Con de San Diego de cette année, cet été, que nos collègues d’Anime News Network ont eu eu l’opportunité de rencontrer la fondatrice du légendaire studio d’animation STUDIO4°C, Eiko Tanaka.
Elle a créé son entreprise en 1986, au sein de laquelle elle occupe actuellement les postes de présidente et chef de la direction. On retrouve le nom de cette productrice dans de nombreux projets nippons ou internationaux comme quelques Ghiblis (Totoro, Kiki) ou les monibus de Batman (Gotham Knight, Ep 1) et de Matrix (Detective Story).
L’un de ses derniers projets Berserk : L’âge d’or – L’œuf du Roi venait tout juste de sortir au Japon, fin mai… L’occasion pour le journaliste d’ANN, Zac Bertschy de revenir sur ce projet avec sa productrice.
Bonne lecture !
ANN : Quelle a été votre première réaction quand vous avez été démarché pour produire les films Berserk ?
EIKO TANAKA : En fait, je ne connaissais rien du manga. Mais étant donné que le manga s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires à travers le monde, j’ai été très surprise. En ouvrant le manga pour en lire les premières pages, je me suis senti submergé par sa densité.
Quel a été le plus grand défi dans cette adaptation ? Vous est-il arrivé de vous servir de la série animée comme source de référence ?
Les armures lourdes nous ont posé quelques difficultés, car elle sont composées de nombreux traits et leur grain doit donner une impression de solidité. Pour les séquences de combats, il fallait dessiner beaucoup de personnages, tels que des cavaliers, des archers, des lanciers, des fantassins, et ainsi de suite. Il fallait aussi étudier la façon dont ils se battent. De plus, nous nous demandions si nous allions réellement montrer la scène où un soldat est coupé en deux. Toutes ces interrogations rendent les choses plus difficiles. Ce sont des choses qu’il n’est pas aisé de mettre en scène en utilisant le dessin à la main traditionnel dont l’animation japonaise est si fière.
Une autre tache ardue a été de caractériser la longueur de l’histoire, bien que la série télévisée ait été rallongée de plusieurs heures afin de rester fidèle au manga d’origine.
Selon vous, quel est le budget idéal pour un projet de cette étendue ?
Les films japonais coutent moins chers à produire que ceux d’Hollywood. En tant que producteur, je connais le budget de ce film, mais c’est un secret. Mais j’aurais aimé avoir 3 milliards de yens (soit 27,3 millions d’euros NDLR).
Y a-t-il un arc du manga que vous étiez personnellement pressé de voir en animation ?
Le prochain arc sera celui des « Enfants Perdus ». J’aimerais voir la version animée de dame Farnese.
Si ces trois films ont suffisamment de succès, l’idée est-elle de produire plus de films et de couvrir une plus grande partie de l’histoire du manga ?
La série de Kentaro Miura compte actuellement 36 volumes. Nous aimerions continuer à produire la version animée de cette formidable saga jusqu’à sa fin !
STUDIO4°C est principalement connu pour ses films à la créativité folle, comme Mind Game et Genius Party. Avec le succès que vous apporte Berserk, prévoyez vous de tenter un autre projet d’anthologie ?
Oui, c’est prévu. Nous travaillons toujours divers projets avec enthousiasme.
Les films de Berserk se reposent énormément sur le CG (Computer Graphics ou graphisme par ordinateur, NDLR) pour l’animation des foules ; Pourquoi avoir choisi cette technique ? Avez vous l’intention de renforcer l’utilisation des CG au sein du STUDIO4°C ?
Nous avons utilisé cette méthode la où les techniques d’animation manuelles étaient les plus dures à mettre en œuvre. Nous avions prévu de faire tous les visages, qui étaient facilement remarquables, à la main, puis de les incrémenter dans les CG. J’ai bien peur qu’il y ait quelques détails que nous aurions pu améliorer.
En tant que Studio 4°C, nous continuerons à utiliser le CG pour appuyer l’animation dessinée à la main, afin de produire un résultat qui ne saurait être obtenu en utilisant ces deux outils séparément.
En terme de créativité, préférez-vous travailler sur des projets tels que Mind Game, ou appréciez-vous le challenge que représente l’adaptation d’une œuvre déjà existante ?
Les deux mettent notre créativité à l’épreuve. STUDIO4°C continuera à produire des travaux de qualité avec fierté. Nous espérons que vous accueillerez avec bienveillance nos prochaines œuvres.
En tant que fondatrice du STUDIO4°C, vous avez évidemment été témoin de l’évolution de l’industrie de l’animation durant ces vingts dernières années. Quels ont été les changements les plus positifs, selon vous ? Auriez-vous aimé que certains changements n’aient pas lieu ?
Les films animation, qui n’étaient vus que comme un loisir pour enfant, sont maintenant perçus comme quelque chose que les adultes peuvent aussi apprécier à leur juste valeur. C’est quelque chose dont j’ai toujours rêvé, et je suis heureuse d’avoir vu mon souhait devenir réalité.
Par contre, j’aurais voulu ne pas voir la récession qui a suivi la crise des Subprimes, suivi de la faillite de la banque Lehman Brothers, la crise européenne, et enfin l’appréciation excessive du yen.
Nous sommes dans une époque où l’économie globale a beaucoup d’impact sur l’industrie de l’animation. J’ai réellement la sensation que l’animation a été mondialisée. Je suis heureuse et fière d’être venue à la Comic-Con pour repousser la récession et présenter Berserk à tout le monde.
Merci Eiko Tanaka !
Propos recueillis par Anime News Network, traduction par Painfool. Interview originelle ici. Retrouvez l’actu du studio 4°C sur leur site web ou leur Twitter.