Cinéma
Cette semaine, nous irons probablement voir 4h44 Dernier jour sur terre, le dernier Abel Ferrara qui nous rappellera les bons films de 2011 annonçant la fin du monde. Sans doute aussi une ou deux reprises, dont Le Festin de Babette de Gabriel Axel et Boulevard du crépuscule de Billy Wilder. Mais le film qui compte, ce mercredi, nous l'avons vu dès hier.
Un billet très court aujourd’hui, manque de temps, mais comment passer sous silence la sortie en salles de Main dans la main, la nouvelle pépite filmée de Valérie Donzelli.
Comme La Reine des pommes, le titre est emprunté à Jacno :
Après le roboratif (au sens propre : qui donne des forces) La guerre est déclarée, on attendait Valérie D., non pas « au tournant », parce qu’on l’aime, mais avec impatience et appréhension : son troisième long métrage allait-il « faire œuvre » avec les deux premiers, participer à construire une cohérence s’inscrivant dans la dynamique d’une création, un agencement (pour faire le Gilles) ? Je suis sorti de la salle pleinement rassuré. Valérie Donzelli (qui est ici chez elle, je le répète, tu passes quand tu veux, Valérie) est en train de devenir indispensable au cinéma français, au même titre que, par exemple, Christophe Honoré, Bertrand Bonello ou Bruno Dumont. Elle serait de ce fait La Première Femme d’un cinéma national excessivement masculin (sauf les preuves du contraire que pourraient devenir Céline Sciamma –Tomboy--, Sophie Letourneur – Le marin masqué, voire Noémie Lvovski dont le Camille redouble était impressionnant).
Main dans la main est un film beau et tonique, parfois drôle, parfois mélancolique, parfois on ne sait pas, qui reconduit dans une autre gamme la « petite musique » entendue dans La Reine des pommes et La guerre est déclarée. En termes de genre, Main dans la main est plus proche du premier, une sorte de conte dans lequel les sentiments mènent la danse et peuvent orienter le regard (Adèle, la Reine des pommes pour qui tous les garçons rencontrés ont les traits de son ex) ou la gestuelle (Hélène et Joachim physiquement "collés" l'un à l'autre à la suite d'un baiser foudroyant) et dont l'énergie joyeuse ne peut cacher longtemps les troubles qui transpercent les personnages.
Le nouveau Donzelli (doit-on dire le nouveau Donzelli-Elkaïm ?) apparaît comme singulièrement virtuose : ses inversions, accélérations, ses changements de ton, son exploitation des genres, du burlesque (la scène du commissariat) au mélodrame en passant par la comédie sentimentale, voire familiale donnent une impression de mouvement perpétuel. Au-delà de sa virtuosité, évidente, la réalisatrice semble constamment se poser la question fondamentale du Comment faire un film ? Comment tourner telle scène de genre comme elle n'a jamais été tournée, comment la montrer comme elle n'a jamais été vue ? Comment inventer le cinéma ? En questionnant sans cesse son art et son métier, Donzelli (probablement Donzelli-Elkaïm) fait oeuvre créatrice en transfigurant les scènes les plus banales. Vers la fin du film, nous sommes à New York et les personnages sont filmés de dos, devant un feu d'artifice. Je n'ose penser ce que Jacques Audiard en aurait fait, mais ce qu'en fait le couple Donzelli-Elkaïm, on ne l'avait jamais vu car personne n'aurait eu l'idée de filmer ainsi. Juste parce que "ça ne se fait pas".
Un dernier mot pour dire ou redire que Jérémie Elkaïm est, en plus du reste, un acteur extraordinaire, ce qui se confirme de film en film.
Faire court, j'avais dit, alors je m'arrête là.
Le site du film, avec le dossier de presse.
Juste un mot de
quelques jours à Londres.
J'aimerais vous dire quelques mots de Londres où nous avons passé quatre jours de rêve, rien de bien original, mais je suis à la fois sous le charme et bourré d'interrogations. La semaine prochaine, peut-être ?
J'en ai ramené ça, entre autres souvenirs :
Quelques photos à venir dans G+, mais il faut que je les développe.
Tout de même. Le dernier jour, à Covent Garden transformée en Jardin des Délices de Noël, je ne pouvais m'empêcher de penser à la France Libre, dont ce quartier avait été un des Hauts-lieux. Et l'émotion m'a fait dériver vers Coluche : Les Français parlent aux Français. Évidemment, en ces temps de pains aux chocolats chers à Copé, ce n'est plus d'actualité. Cliquez, c'est court.
Bonne semaine, allez voir Main dans la main, c'est comme le titre, ça réchauffe le coeur.