Le premier grand métissage de l’histoire de l’humanité s’est sans doute produit dans le Sahara préhistorique sous la forme d’une vaste fusion entre des populations négro-africaines et des populations blanches, méditerranéennes de l’Afrique du Nord (probablement d’origine proche-orientale et/ou européenne), les Proto-Berbères.
Le résultat de cette fusion fut une population de pasteurs d’ovins et de bovins qui s’épanouit dans cette région très étendue, à l’époque couverte de savanes, riche en lacs et dotée d’une faune abondante et variée.
Par la suite, avec la progressive désertification de ses lieux de vie, ce peuple hybride se trouva contraint de se disperser, à la recherche des points d’eau de plus en plus rares, essentiellement vers le sud (le Sahel, où ces gens devinrent les Peuhls, Foulas) et vers l’est (où ils devinrent les ancêtres directs des Nubiens, des Ethiopiens et Somalis, mais aussi des anciens Egyptiens qui fondèrent, au bord du Nil, la prestigieuse civilisation pharaonique.
A Maurice, les Créoles devraient davantage prendre conscience de ce qu’ils portent en eux d’indianité (tant par le sang que par les influences culturelles) et les Indiens de la part de « créolité » qu’ils ont forcément acquise au fil de l’Histoire. Cela ferait beaucoup pour la construction de la nation, vous ne croyez pas ?
En France - et, plus généralement encore, en Europe – l’énorme préjugé anti-arabe et antimusulman est l’héritier direct de l’affrontement des cultures qui eut lieu tout au long du Moyen-âge pour le contrôle du Bassin Méditerranéen. Progressivement, au fil des siècles, la civilisation d’Europe occidentale, disparate, s’est constituée en bloc, à partir d’une commune allégeance à une religion, le christianisme, et à une philosophie, qui mettait peu à peu l’Homme-Dieu au centre du monde. La lutte contre son (longtemps puissant et plus avancé du point de vue civilisationnel) voisin du sud, le Sarrasin, l’Homme d’outre-Méditerranée, a été, en fait, l’un des ciments de cette naissance.
Encore aujourd’hui, même dégagé de l’emprise du christianisme par la « modernité », l’inconscient collectif européen, marqué au cours des siècles par l’arabisation prolongée de la Péninsule Ibérique, par les Croisades, par l’avancée des Ottomans jusqu’aux portes de Vienne et par leur longue occupation des territoires balkaniques ainsi que par les raids des pirates Barbaresques, continue de percevoir l’influence arabe et la présence de l’Islam sur son sol comme une menace directe.
Quand en aurons-nous fini avec cette empreinte moyenâgeuse malsaine, de surcroît réactivée, en France, par les affres de la Guerre d’Algérie et, à l’échelle cette fois planétaire, par le 11 septembre 2001 ?
La création est un dynamisme, un mouvement perpétuel, un élan qui n’a pas de cesse. L’artiste qui crée n’a d’yeux que pour ce qu’il est en train de créer, pour l’acte de création lui-même. Une fois l’œuvre créée, terminée, au fond, il s’en désintéresse. Il court après d’autres rêves, après d’autres œuvres, qui le sollicitent aussitôt. Sa nature et la nature de son acte le détournent résolument du passé, de l’acquis ; seuls comptent le présent, l’avenir, l’élan, la traque de l’absolu.
Pour le créatif, l’œuvre réalisée est quelque chose de fini. Donc, quelque chose d’immobile. De mort en quelque sorte, mais en même temps, de perfectible…
Le créatif est un être d’action qui se complait dans l’acte, dans l’impulsion, dans la pulsion d’élaborer. Peut-être, à son seul usage, serait-il judicieux d’inventer un néologisme : « créaction »…
Le Temps, et son grand travail d’estompage, qui agit sur tout ; qui, en gauchissant évènements et émotions d’une vie, les met tous et toutes sur le même pied !
En l’Homme, tout se révolte contre la finitude : la conscience, qui veut à toute force maintenir le sentiment d’être ; les sens, qui désirent, non moins résolument, continuer à percevoir.
Se représenter sa non-existence n’est pas à la portée de l’être.
L’œuvre, même la plus achevée, déçoit toujours son créateur. Car elle est toujours peu ou prou en-deçà de ce qu’il avait l’espoir d’atteindre au travers d’elle.
Même « réussie » au possible, elle porte toujours en elle une part de manque…une sorte de sceau, plus ou moins diffus, plus ou moins secret, d’incomplétude. Et c’est cela qui relance sans cesse le processus de création.
Les gens ne détestent rien tant que les êtres ou les choses atypiques, non susceptibles de se voir rangés dans une catégorie bien précise et bien délimitée ayant l’aval tant du consensus social que de leurs propres habitudes mentales. C’est le principe du « tout doit être et rester à sa place » qui les gouverne. Malheur à ceux qui brouillent les repères, forçant leur cerveau à l’effort !
Les enfants ont une sagesse émerveillée.
Les dominants s’imaginent que le monde ne tournerait pas sans eux. Tout doit être ramené à eux, tout leur est dû et ils en disposent à leur guise. Ils finissent par ne plus supporter la moindre frustration.
L’univers leur appartient, ils le constatent sans états d’âme et s’encroûtent dans leur habitude (qui en découle) de profiter de tout ce qui peut être mis à profit en évitant, surtout, de songer à ceux qui n’en profitent pas.
Mais le pire, sans doute, est qu’ils trouvent toujours le moyen de justifier ce qui est une injustice, un simple effet de la loi du plus fort.
Certains, au surplus, voudraient même qu’on les aime !
Ce que l’Art doit nous livrer, c’est une orgie de couleurs et de formes !
L’Art, c’est l’harmonie et l’étonnement qui vous montent à la tête.
P. Laranco