Peu encline au sentiment amoureux, vous partiriez en Ardèche pour un camp de canoë. A la rentrée, vous auriez à prendre le chemin du
Lycée et vous oscilleriez entre la joie de passer juillet à Balazuc avec votre amie Léa et cette impression, déjà, d’abandonner une part
d’enfance.
Vous traverseriez un canyon. « A gauche et à droite, des roches verticales, des arbres perchés à trente mètres du sol. » La liberté comme un film sur grand écran… La soif vous amènerait dans un hameau, le Vieil Audon, pour boire un sirop à la menthe…et votre poignet serait effleuré par celui d’un jeune inconnu, à l’air nonchalant et discret. Imaginez le trouble soudain, électrique, et les petits éclats dans le ventre…imaginez que vous vous retrouviez, plus tard, au bord d’une rivière, la forêt tout autour. Le garçon vous emmènerait vers des lieux secrets et vous ferait lire des phrases qu’il aurait écrites sur des galets. Des vers d’Apollinaire, du Pont Mirabeau , des Poèmes à Lou… Vous seriez Juliette sous le charme de Nicolas, prise dans les rapides des premiers tumultes de votre premier amour…
Ce serait beau comme de la poésie. La gourmandise des mets siroterait celle des baisers…ce serait un délice comme ce roman
pour adolescents que nous offre Ahmed Kalouaz. Avec simplicité et comme sur un air d’Aragon, il nous emmène sur les rives des espérances rêveuses de l’amour. Il nous rassure et nous
donne envie de croire, d’y croire encore un peu…même quand on n’a plus 15 ans et que le lycée est déjà loin.
"Au matin, encore hébétée par la nuit tendre, j'ai l'impression d'avoir appris, d'avoir changé, au cours de ces heures qui ont filé trop vite, au rythme de la rivière lente pourtant. J'ai la sensation d'être passée, par magie, du côté de la vraie vie."
Mon cœur dans les rapides
Ahmed Kalouaz
Ed. Rouergue, 2012