Pianiste Suédo-Autrichien Daniel Propper a ransformé, vendredi soir, l'Institut Hongrois de Paris en grand souvenir de « L'écho des Batailles », un voyage dans l'histoire napoléonienne. C’est tout au moins le ressenti de son récital et sa façon d’interpréter des œuvres de Beethoven, Debussy, Liszt et Daniel Steibelt, devant un public international.
M. Propper, 43 ans, installé à Paris en 1994, est récemment devenu lauréat de la Fondation Napoléon pour « L'écho des Batailles », œuvre musicale et historique : un double CD accompagné d’une présentation historique qu'il a réalisé avec Olivier Feignier, qui a fait la recherche historique et a été à l’initiative du projet. M. Feignier écrit dans son essai: « On peut […] se demander dans quelle mesure Napoléon a [...] contribué à l’éclosion du piano romantique, grâce aux œuvres brillantes écrites à sa gloire et à celles non moins virtuoses composées à la gloire de ses vainqueurs. »
M. Propper se délecte à jouer à des tempos si rapides que le cerveau humain avait parfois du mal à suivre. A tempo plus lent, il crée un joli débit délicatement musical. Mais ses envolées techniques peuvent être aussi épuisantes par leurs vibrations qu’elles sont exaltantes. Ajoutant à la sensation d’être absorbé par son récital, M. Propper marche rapidement sur et hors scène, ne s'arrêtant que brièvement entre les morceaux.
Au programme, une sonate de Beethoven (n ° 31 en la bémol majeur opus 110) suivi du célèbre Clair de Lune et de L'Isle Joyeuse de Debussy. Après l'entracte, le morceau le plus émouvant fut la « La destruction de Moscou», « Grande Fantaisie » de Daniel Steibelt.
Interprétée par M. Propper, elle transmettait la colère cultivée par le compositeur et sa détermination à pousser la musique à l'extrême. Jouée avec une intensité extraordinaire, la sonate de Steibelt a pris un sombre profil, puis s’est transformée en un morceau plus lent et plus sentimental, marquant ainsi un répit dans son entraînement émotionnel et rythmique, avant de reprendre son rythme vif. Le dernier morceau était les « Réminiscences de Don Juan » de Liszt et nettement plus dramatique que Steibelt, ce morceau enchaine les humeurs dans un esprit irrésistible.
Avec sa propre interprétation M. Propper aura donné un récital convaincant avec une voix bien à lui. Il a joué en bis le premier intermezzo (andante moderato, en mi bémol majeur) du cycle des trois intermezzi opus 117 de Brahms (1892). C’est une des œuvres pour le piano les plus poignantes de la fin du XIXe siècle. Le morceau a montré le côté le plus silencieux du pianiste et le plus charmant. Le public a adoré et encensé le récital du grand artiste Daniel Propper.