Bras de fer entre les lycéens et le gouvernement
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Par JeanMarie Godard AP -
PARIS - Le gouvernement ne cède pas, les lycéens non plus. Pour la troisième fois en l'espace d'une semaine, plusieurs milliers d'entre eux sont descendus dans les rues de plusieurs grandes villes de France, avec notamment un défilé à Paris qui a rassemblé 6.700 personnes selon la police, 17.000 selon les organisateurs.
Dans la capitale, la police avait comptabilisé 2.000 personnes le 27 mars et 4.500 mardi dernier. A la fin du défilé parisien, un nouvel appel à manifester à été lancé pour mardi prochain et l'Union nationale lycéenne (UNL) envisage d'ores et déjà une nouvelle journée de mobilisation également jeudi prochain, 10 avril.
Les lycéens -dont le mouvement prend de plus en plus d'ampleur dans le sillage de celui des enseignants qui multiplient les actions locales depuis le début du mois de mars- dénoncent les 11.200 suppressions de postes à l'Education à la rentrée 2008, dont 8.800 dans le second degré.
Jeudi, selon l'UNL, 4.000 personnes ont défilé à Toulon et plusieurs centaines à Marseille, Grenoble, Montpellier, Lille, Annemasse (Haute-Savoie) ou encore Brignoles (Var), alors que le mouvement ne touchait pratiquement que la capitale jusqu'à présent.
Selon l'UNL, principale organisation lycéenne organisatrice du mouvement avec la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), une centaine de lycées ont été bloqués jeudi un peu partout en France et des assemblées générales organisées dans plusieurs dizaines de villes.
Dans la capitale, des incidents isolés se sont produits durant tout le défilé entre les forces de l'ordre et quelques centaines de jeunes qui évoluaient à plusieurs centaines de mètres en avant de la tête du cortège. La police, cible de jets de projectiles divers pendant toute la manifestation, a procédé à 13 interpellations, a précisé la préfecture en fin d'après-midi. La dispersion a eu lieu dans le calme vers 17h.
Pour sa part, le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos a une nouvelle fois laissé entendre que le gouvernement n'entendait pas céder face aux manifestations. "Il est erroné et idéologique de dire qu'à la rentrée prochaine il y aura moins d'heures dans les matières obligatoires et les sections fermées", a affirmé le ministre lors des questions au gouvernement au Sénat. "Il n'est pas vrai que parce que demain à la rentrée, il manquera ici un poste, que dans un lycée où il y a 110 professeurs ils seront 109, que subitement le système éducatif va s'écrouler", a-t-il ajouté.
Pour M. Darcos, "il faut réformer l'école, le lycée, plutôt que de considérer qu'il faut toujours rajouter des moyens. S'il fallait toujours rajouter des moyens tel que nous l'avons fait depuis 30 ans, nous serions aujourd'hui les premiers du monde".
"Darcos, t'es tombé sur un os! Dans les lycées, on peut te faire céder!", ont pour leur part scandé les lycéens venus de toute la capitale et de nombreux établissements de l'Ile-de-France jeudi à Paris.
"Quand les profs s'enrhument, c'est les élèves qui toussent", pouvait-on lire dans le cortège, parsemé de banderoles très colorées faites avec des draps déchirés, tandis que les manifestants évoluaient sur fond de tam-tam ou encore de musique techno diffusée par des camions sono.
"C'est une journée très réussie et on sent que le mouvement est vraiment en train de prendre", a assuré à l'Associated Press Florian Lecoultre, président de l'UNL. Pour lui, "il faut maintenant continuer puisque nos revendications ne sont toujours pas entendues". AP