Chili : soupçon de corruption, un ministre démissionne

Publié le 18 décembre 2012 par Anthony Quindroit @chilietcarnets

Le ministre Ribera, « poussé » à la démission, est soupçonné de corruption (photos Gobierno de Chile)

Alors qu’il est à la traîne dans les sondages, c’est une tache dont Sebastián Piñera se serait bien passé : son ministre de la justice, Teodoro Ribera, a dû démissionner. Cet avocat de formation est suspecté d’avoir corrompu l’ancien président de la commission d’accréditation, Luis Eugenio Díaz, chargé de délivrer les labels d’Etat aux universités chiliennes. Sauf que Teodoro Ribera est aussi recteur de l’une des plus importantes universités du Chili, la Universidad Autónoma de Chile. Les soupçons semblent indiquer que les labels auraient été distribués à grands renforts de pots-de-vin. Soupçons renforcés par l’embauche de cet ex-président de la commission à un poste dépendant du ministère de la Justice.
Rien ne confirme les faits et l’ancien ministre affirme évidemment que « les accusations sont sans fondement » et qu’il démissionne « avec la forte conviction de n’avoir rien fait quoi que ce soit d’illégal ou de contraire à l’éthique. » Il s’est même dit prêt à retravailler pour le gouvernement une fois lavé de tous soupçons…

Patricia Pérez Goldberg, la nouvelle ministre de la Justice

Son bras droit à donc pris sa place dans l’organigramme. Le nouveau ministre est maintenant une femme : Patricia Pérez Goldberg. Depuis le début du mandat Piñera, elle était sous-secrétaire d’Etat à la Justice. Egalement avocate de formation, elle a été désignée en 2007 comme l’une des cent femmes les plus puissantes du Chili. Au sein du ministère elle était en première ligne pour les questions liées à l’univers carcéral, notamment au moment de l’incendie de San Miguel qui a fait 81 morts en décembre 2010 (c’est à lire ici). Elle est la troisième ministre de la Justice de l’ère Piñera. Et la sixième femme d’un gouvernement comptant six ministres. Côté parité, on repassera…
Mais que va devenir Teodoro Ribera ? Il pourrait devenir le nouveau président du parti Renovación Nacional (centre-droit, droite), celui de Piñera… Le sénateur Carlos Larraín a en effet annoncé qu’il comptait démissionner et qu’il soutenait la candidature de Ribera. « La politique se fait sans douleur et sans rancœur », a conclu Ribera avant de quitter l’espace presse. Mais avec quelques soutiens tout de même…
C’était avant que Larraín ne revienne sa décision en ce mardi 18 décembre, annonçant qu’il avait peut-être parlé un peu vite et que sa démission – pour contester l’attitude de la Moneda à l’encontre de Ribera – n’était plus d’actualité. En politique, savoir retourner sa veste relève parfois d’un art subtil.