L'Agence de Sécurité sanitaire européenne (EFSA) vient de conclure à l'absence de lien entre la consommation de béta-carotène et l'augmentation du risque de cancer chez les gros fumeurs.
Alors que l'on pensait que le béta-carotène avait des vertus protectrices contre le cancer, et notamment le cancer du poumon (Mayne, 1996; Ziegler et al., 1996), deux études indépendantes (ATBC Study group, 1994; Omenn et al., 1996a; 1996b; Omenn, 1998) avaient semé le doute chez les médecins. Ces études avaient en effet montré une augmentation plutôt qu'une diminution de la survenue de cancer du poumon chez les gros fumeurs consommant au moins un paquet par jour depuis 36 années en moyenne, et utilisant depuis longtemps du béta-carotène (20mg par jour) ou du beta carotène (30mg par jour) plus du rétinol -vitamine A, en tant que complément alimentaire. Et en 2010 une nouvelle étude menée par Druesne-Pecollo et al. concluait aussi à une augmentation statistiquement significative du risque de cancer du poumon chez des individus utilisant du béta-carotène comme complément alimentaire à des doses égales ou supérieures à 20 mg par jour, et ceci qu'ils soient fumeurs ou non.
La Commission Européenne avait donc demandé à l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) de lancer une méta-analyse (analyse de toutes les études effectuées sur ce sujet) afin de savoir quelles conclusions pratiques tirer de ces études contradictoires.
Les résultats de cette méta-analyse viennent d'être annoncés. Ainsi, selon les experts de l'Agence, en tenant compte des données scientifiques disponibles actuellement, le béta-carotène utilisé en tant que complément alimentaire, n'a pas d'effets néfastes pour la santé dans la population générale, et n'augmente pas l'incidence du cancer du poumon chez les gros fumeurs, à des doses inférieures 15 mg par jour. Et il n'a pas non plus d'effets protecteurs contre le cancer du poumon.
Hervé de Malières