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Bergers et bergères dans les cabanes : une coutume de Barèges

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

"En vallée de Campan et de Barèges, bergers et bergères se côtoient sur les montagnes : « Les bergers barégeois, lui déclare un douanier à Luz, couchent dans les cabanes à côté des bergères. Il n’en résulte pas grand mal."

Jean-François SOULET
Jean-François SOULET est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Toulouse-Le Mirail. Spécialiste de l’histoire de la société civile, il s’est intéressé aux mouvements de contestation contre l’état aux XIXe et XXe siècles, en France et à l’étranger.  Voici un extrait de son livre “Les Pyrénées au XIXe siècle. L’éveil d’une société civile”. (Editions Sud-Ouest, 2004).
Les Pyrénées au 19e siecle, l'éveil d'une société civile“Henri Fédacou – berger né à Cèdre en 1897 -, dont les souvenirs ont été remarquablement recueillis et publiés, avait à peine quatorze ans lorsqu’il fut chargé pour la première fois de veiller seul sur le troupeau familial (60 à 80 brebis et une quinzaine de vaches) rassemblé à 1800 mètres d’altitude pendant la période de l’estivage. Plusieurs mois durant, il partageait la « cabane » avec trois autres bergers, ayant la lourde tâche de s’occuper du bétail, de traire deux fois par jour, de conserver le lait à une source, de recueillir la crème.  Deux fois par semaine, une personne de la famille montait avec un âne lui apporter des provisions et chercher le lait et la crème. “ (...)
“Le monde des bergers est vraiment un monde à part, pas une microsociété, dans la mesure où il ne reproduit pas en miniature la société villageoise. Ainsi s’affirme-t-il d’abord comme essentiellement masculin. Les bergères, fort présentes dans les églogues et les pastorales, limitent en général leur compétence à la garde des troupeaux près des villages ou, parfois, sur les pâtuages intermédiaires; elles montent rarement à l‘estive.
Eugène Cordier, pourtant, s’appuyant sur plusieurs témoignages, remarque qu’en vallée de Campan et de Barèges – sinon en val d’Azun – bergers et bergères se côtoient sur les montagnes : « Les bergers barégeois, lui déclare un de ses informateurs, douanier à Luz, couchent dans les cabanes à côté des bergères. Il n’en résulte pas grand mal.
Ordinairement, une fille n’est pas seule; elle a d’autres filles avec elle. Alors, la pudeur, la réserve naturelle les sépare des hommes sur la vaste couche de paille unique. Ordinairement, un parent, un vieux se place entre les jeunes filles et les jeunes garçons; une couverture commune enveloppe tout ce monde. Ce fut toujours là, la coutume de Barèges. » 
Les Pyrénées au XIXe siècle. L’éveil d’une société civile est en vente à la boutique du Pays de l’Ours.
Dans Pays Toy story, la Buvette dénoncait la mémoire sélective des promoteurs de l’appellation Barèges-Gavarnie.
Farid Benhammou, dans sa thèse, écrit : "De plus, affirmer l’absence depuis toujours de tout gardiennage est aussi une contre-vérité historique même en Pays Toy où il ne s’est mis à disparaître que dans les années 1960." Après la guerre 40-45, sont apparues des "bergères", les hommes n'étant pas tous revenus, les femmes sont devenues gardiennes des troupeaux. C'est de 1950 à 1970 que progressivement on a relancé un pastoralisme sans gardiennage.

Charte de l’AOC Barèges-Gavarnie Sur le site de l'Association des éleveurs de l'AOC Barèges-Gavarnie

"En estive, les animaux pâturent en liberté totale de jour comme de nuit. Cette liberté de pâture ne correspond pas à un abandon des animaux mais correspond au respect des usages en cours depuis le milieu du 19ème siècle." “Le mode de conduite de l'AOC - des troupeaux qui "pâturent en liberté totale de jour comme de nuit". La Buvette : Ce mode de conduite a été construit sur cette réalité économique et sur cette facilité indispensable à la pluri-activité des éleveurs et non sur des "usages loyaux et constants".




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