C'est amusant comme les coïncidences rythment ma vie. Dernièrement, alors que j'écoutais le dernier album de Cali, Vernet-Les-Bains, sorti le 26 novembre je me suis décidée, un peu par hasard, à visionner "Before Sunset" un film avec Julie Delpy ce qui déjà, en soi, aurait suffi à lui conférer suffisamment d'intérêt mais pour lequel j'ai craqué en lisant le synopsis.
Une jeune parisienne, Céline (incarnée par J.Delpy donc) a rencontré un jeune américain, Jesse (interprété par Ethan Hawke) il y a 9 ans à Vienne. Ils ont passé la nuit ensemble et ne se sont jamais revus depuis, ne s'étant pas laissé leurs coordonnées mais s'étant donné rendez-vous six mois plus tard.
Ils se retrouvent à Paris, 9 années après cette nuit qu'aucun des deux n'a pu oublier, à l'occasion de la présentation à la presse française du roman de Jesse. Céline est au rendez-vous...
Ce film m'a énormément touché parce qu'il aborde la contingence des rencontres, le caractère imprévisible des destins individuels et le vieillissement avec ce qu'il implique d'espoirs perdus, d'envies tues, de résignations devant la médiocrité d'un quotidien dont on finit (tant bien que mal) par s'accommoder mais aussi la possibilité d'un changement aussi brutal qu'inattendu.
J'aime le combat que se livrent violemment raison et passion chez chacun des personnages sans qu'aucun n'ose toutefois l'avouer d'emblée.
Bon et bien entendu, comme j'ai aimé ce film, je n'ai pas résisté à la tentation d'en partager quelques passages en livrant sur Twitter et FB quelques screenshots soigneusement sélectionnés.
Parmi eux, il y a celui-ci, qui a tout particulièrement retenu mon attention :
(ce qui donne à peu près "être seul c'est toujours mieux que d'être près d'un amoureux et de sentir
seul")
Et ça m'a immédiatement fait penser à ce passage du titre de Cali, "l'amour est éternel" :
"je ne me sens jamais aussi seul, que lorsque je suis près de toi"
qui m'avait marqué dès la première écoute...
Parce que je le trouve beau ce titre, sur la fin d'un amour.
Entre mélancolie liée à l'amour qui s'enfuit et résignation triste, porté par une mélodie entrainante, ce texte a la beauté d'une "déclarations de rupture" car chez Cali on retrouve ce fol espoir que tout est amour et même au terme d'une relation usée, on sent l'effervescence des sentiments passés se mêler à la douce mélancolie héritée de l'expérience de vie.
J'aime cette dualité, cette crucifixion de l'amour manichéen, la maturité qu'il y a dans ces mots "l'amour est éternel jusqu'à ce qu'il s'arrête", qui semble signer un aveu : la formule oxymorique qu'on se surprend à reprendre comme une légère ritournelle résonne à mes oreilles comme l'abdication devant le mythe de l'amour éternel.
Cependant, la légèreté de la mélodie rend l'ensemble gai et porteur de vie, d'espoir, d'envie.
Tu vas dire que j'y reviens toujours, lecteur, mais il m'évoque ce texte magnifique signé Dominique A ("le cycle, les mirages", écrit pour Lise) : "je connais déjà cette mer intranquille, la couleur que prend l'eau, les jours difficiles. Je suis déjà venu, me suis déjà perdu. Je connais déjà cette route insensée, qui tourne sur elle-même et qui me fait danser, je suis déjà passé, la tête renversée. Des mirages m'attendent et j'y retournerai, je tomberai encore, encore, dans les mêmes filets..." (à retrouver dans ce billet où j'avais livré une plus grande partie du texte. Si beau).
J'aime cette idée de voir la vie comme une folle farandole, comme une danse éperdue en quête d'amour, fut-il éphémère.
Quand j'ai découvert le clip de "L'amour est éternel" j'ai immédiatement été séduite.
Il y a ces grands espaces et cette magnifique lumière, bien entendu (on y reconnait la patte de Mark Maggiori, grand maitre du genre).
Mais il y a surtout tous ces visages (cette passion que je nourris pour les visages et la réalisation des portraits, on peut en parler, aussi).
Ces couples qui n'obéissent à aucune norme ce qui les rend tellement vivants, c'est complètement revigorant et d'ailleurs je retrouve dans la mise en images du clip ce qui m'a touchée dans "Before Sunset" : cette mise à jour des sentiments à travers des gestes et des expressions simples, ce réalisme touchant. Au fond, c'est un peu l'anti-Kooples cette série de duos et c'est ce qui la rend si belle.
Et puis il y a eu la publication du making-of du clip qui a permis de partager un peu plus le road trip qui a mené Cali de Las Vegas à Chloride, en Arizona, où le clip a été tourné. Je reste convaincue que dans chaque voyage, pour un peu qu'on prenne la peine de s'y abandonner vraiment, c'est un peu de soi que l'on trouve alors j'aime l'idée de découvrir un peu de ce qui se cache derrière celui-ci. Entre poussière du désert de l'Arizona, cowboys et flingues, cette vidéo propose une immersion dans l'histoire de cette belle vidéo. Bravo.
Je ne résiste pas à citer un autre passage du morceau qui me suit un peu, j'avoue...
"j'entends la tristesse t'avaler un peu plus chaque nuit, je t'entends sangloter du bout de notre trop grand lit, je voudrais te promettre mais j'ai déjà tellement menti..."
J'aime beaucoup cet album, Vernet-Les-Bains, qui sonne comme des retrouvailles avec ce que j'ai tant aimé aux débuts de Cali mais je compte y revenir bientôt alors je ne m'étends pas trop...
A bientôt lecteur,
XO