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Vous souffrez de présentéisme? Rentrez chez vous !

Publié le 18 décembre 2012 par Claire Romanet

Très français comme syndrome. C’est le présentéisme aigu. Vous ne connaissez pas ? C’est lorsque même malade, vous décidez d’aller travailler. Pourtant, vous le sentez bien que vous feriez mieux de rester chez vous reprendre du poil de la bête…

Comme Claire, qui travaille dans la pub’, enchaînant les appels d’offres et les charrettes et qui explique à Rue89 qu’elle repousse le moment de prendre ses journées de récupération, « se disant qu’il faut que je termine les projets commencés, pensant que je vais tenir, et j’arrive à un moment où je n’en peux plus physiquement, mais surtout mentalement. Je n’ai plus envie de rien. Et j’ai du mal à me motiver pour bosser, je deviens lente, déprimée, et j’ai du mal à repartir ».

Pourquoi ce syndrome ? On se sent indispensable, on croit que ça va faire avancer notre carrière ou en temps de crise comme actuellement, on s’inquiète de perdre son emploi.

Sauf que vous avez beau être présent, vous n’en êtes pas efficace pour autant. Eh oui ! Un salarié malade est moins concentré, communique mal, commet des erreurs et fait donc perdre du temps à son entreprise. Or qui dit perte de temps dit aussi perte d’argent. Bref, un salarié malade et présent va coûter de l’argent à sa boîte !

La France atteint des pics. Question de mentalité. Etre au bureau à 20 heures signifierait dans notre culture une forte implication au travail. Mais si vous regardez de l’autre côté de l’Atlantique (ou sans aller si loin chez nos voisins germaniques), c’est plutôt l’inverse. Vous voir traîner au bureau jusqu’à 21 heures, ce n’est pas forcément bien vu, au contraire, c’est même une marque d’incompétence ou de mauvaise organisation. « J’ai passé vingt ans dans des grands groupes à regarder des collaborateurs bûcher de 8 à 20 heures sans toujours comprendre ce qu’ils produisaient exactement », raconte Yves Marie du Poset, président du cabinet Piloter ma carrière à Cadremploi.  « Ce côté physique et territorial du salarié est très français. On valorise les employés qui viennent au bureau malades comme ceux qui restent tard. Or, dans les pays anglo-saxons, c’est le salarié efficace qui part à 17 heures en ayant terminé son travail qui gagne la considération de ses supérieurs. En retour, s’il se sent bien dans son job, sa productivité s’en ressent ».

Un salarié trop présent coûte donc plus cher à son entreprise qu’un salarié absent, selon des études menées par Ron Goetzel, chercheur à l’université Cornell. « Les coûts liés au présentéisme représentent de 18 % à 60 % des coûts qu’un employeur doit supporter en raison des problèmes de santé de ses salariés », indique M. Goetzel. En Europe, le présentéisme coûterait en moyenne 20 milliards d’euros par an. Faut-il le rappeler ? Quand le salarié est présent, c’est l’entreprise qui le paie, en salaire, mais quand il est absent, c’est la Sécurité sociale qui verse des indemnités journalières.

Sources : Le Monde, Rue89, Cadremploi, La Tribune


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