Avec une quinzaine de parlementaires socialistes, le Député-maire (PS) d’Argenteuil appelle Hollande à renforcer la fiscalité confiscatoire.
Par Baptiste Créteur.
Alors que nombre de ceux qui créent de la richesse s'en vont et que le gouvernement et la classe politique s'inquiètent assez de voir les ressources de l’État s'amenuiser pour déterrer des menaces inédites en France depuis Pétain, il se trouve encore des parlementaires pour demander qu'on prélève plus à ceux qui restent. C'est le cas de Philippe Doucet et ses amis, qui veillent à ce qu'on n'oublie pas les travailleurs.
Il y a énormément de chômeurs en France, mais heureusement il y a aussi beaucoup de gens qui travaillent. Et ce monde du salariat, majoritaire dans le pays, connaît de grandes difficultés : de pouvoir d’achat en positif, c’est-à-dire ce qu’il leur reste une fois qu’ils ont payé leurs impôts, mais aussi de pouvoir d’achat en creux, c’est-à-dire une fois déduites les dépenses contraintes liées à la santé, au logement et aux transports. Que fait-on alors que les frais fixes de logement ne font qu’augmenter, notamment en Île-de-France ? Et en matière de transports en commun, comment accélérer leur développement pour répondre aux besoins ? Tous ces sujets concernent directement le cœur du salariat, qui a voté François Hollande en 2012. Quand ces millions de personnes feront le bilan du quinquennat, en 2017, même s’ils sont conscients que la situation est difficile, il faut qu’ils puissent se dire que la gauche a pensé à eux et qu’ils ont connu un certain nombre d’améliorations dans leur vie quotidienne.
Il y a énormément de chômeurs et beaucoup de gens qui travaillent, mais, d'un strict point de vue électoraliste, mieux vaudrait s'adresser aux chômeurs, dont le nombre va croissant et pour longtemps. Les dépenses contraintes des travailleurs – et des autres Français – comprennent une seule dépense réellement contrainte, qu'ils n'ont pas le choix de faire : l'impôt. Les charges patronales, salariales, et les différentes formes d'impôts et taxes grèvent leur pouvoir d'achat bien plus largement que leur logement, leur santé (en théorie gratuite en France, n'est-ce pas ?) et les transports.
Si vous souhaitez améliorer la vie quotidienne des Français, agissez effectivement sur les vraies dépenses contraintes, au risque de voir les Français qui les estiment trop élevées préférer quitter le pays pour accroître leur "pouvoir d'achat en creux". D'ailleurs, il est surprenant que votre défense du pouvoir d'achat des Français ne vous ait pas amené à invectiver le gouvernement suite au départ de Gérard Depardieu et de nombreux Français fortunés et prometteurs : ils portent les mêmes revendications que vous mais, de la même façon qu'ils dépensent leur argent et non celui des autres, ils appliquent leurs principes à eux-mêmes et ne les font pas subir aux autres.
En vous exprimant pour une réduction de la gourmandise et de la taille de l’État, vous amélioreriez significativement l'offre de transports, de logements, et le pouvoir d'achat ; vous feriez en sorte que les Français, en 2017, aient vu de significatives améliorations à leur quotidien.
Il y a urgence car la CSG n’est en rien un impôt progressif. Nous avons aujourd’hui des fractures territoriales, particulièrement caricaturales en Île-de-France, où deux personnes qui gagnent 2 000 euros ne vont pas payer le même montant d’impôts locaux selon qu’ils habitent à Argenteuil, dont je suis maire, ou à Courbevoie. Elle est où la justice sociale ? Il faut aborder tous ces sujets qui redonnent du pouvoir d’achat, et François Hollande, qui a un bon bagage de fiscaliste, les connaît par cœur.
En effet, la fiscalité, ça le connait. Votre égalitarisme repose avant tout sur la capacité du gouvernement à niveler par le bas et à invoquer à tort et à travers la justice sociale, qui n'a de justice que le nom. L'impôt progressif repose sur l'idée que l'argent n'a pas la même valeur pour tous ; vous qui voulez harmoniser les taux d'imposition entre communes, pourquoi ne pas vouloir les harmoniser entre individus ?
(...) au deuxième [tour de l'élection présidentielle], la majorité des ouvriers et des employés a voté pour le candidat socialiste. Il ne faut pas décevoir ces millions de Français et s’emparer par exemple de sujets comme le surendettement ou l’accès à la santé. Et comme tout ne peut pas arriver en même temps au Parlement, il faut établir des priorités et mettre l’agenda social au premier plan. C’est tout le problème du quinquennat qui, contrairement au septennat, a supprimé l’idée même d’un second temps. Dès le départ, c’est-à-dire dès maintenant, il faut continuer à parler et à penser aux classes populaires.
Il faut effectivement s'emparer du sujet du surendettement – celui de l’État, qui dépense sciemment depuis des décennies plus qu'il ne prélève aux contribuables. L'histoire devrait vous inciter à en faire une priorité. L'accès à la santé, également, mérite qu'on s'en empare, et que chaque Français ait le droit de se faire soigner mais sans que les autres soient contraints à payer pour lui. Comme tout ne peut pas arriver en même temps, je vous propose d'établir des priorités, vous pouvez par exemple vous inspirer d'h16.
Le quinquennat ne change rien à l'affaire : le Parti Socialiste dont vous faites partie – sans avoir honte de le dire – a politiquement parlant toute latitude pour imposer ses réformes ou sa révolution.
Pensez, je vous en conjure – je ne saurais, à vous lire, vous conseiller de parler – à l'ensemble des Français, et faites en sorte que leur vie quotidienne s'améliore. La liberté, le marché libre, leur permettront d'exprimer leurs préférences mieux que les urnes, puisqu'ils n'auront pas à subir des décisions prises par le plus grand nombre mais avec lesquelles ils ne sont pas d'accord.
[En parlant des élections partielles du weekend :] Ces scrutins étaient particuliers, mais ils témoignent quand même d'un inquiétant décrochage des classes populaires. D'autant que les sondages disent la même chose. Notre objectif est de ne pas laisser gâcher le gros travail fait par Hollande pendant la campagne présidentielle. En 2007, Nicolas Sarkozy avait gagné en réussissant à fédérer une bonne partie des classes populaires, avant de les trahir. C'est dans cette même logique que nous sommes intervenus sur le dossier Florange.
Je pensais que vous étiez un homme de convictions et que vous vouliez améliorer le quotidien des Français ; il n'en est rien. Vous suivez l'opinion, parlant et agissant dans le souci de satisfaire le plus grand nombre, alors même que vous affirmez pouvoir diriger le pays, et accordez plus d'importance aux bulletins qu'ils mettront dans les urnes qu'aux projets qu'ils mettront en œuvre. C'est bien dommage ; on peut parler de convictions, mais on ne peut pas dialoguer avec la foule. Vos convictions nauséabondes ne changeront donc pas, peut-être même pas lorsqu'il sera trop tard. Bien d'autres avant vous en ont fait l'expérience ; bien d'autres avant moi les ont mis en garde, vous ont mis en garde. À la fin, la réalité gagne toujours ; vous qui écoutez les Français, écoutez donc ceux qui partent ou sont déjà partis.
Si tous ceux qui ne sont pas d'accord avec vous s'exilent, votre succès aux élections sera retentissant, vous serez plébiscité par les foules ; mais vous n'aurez plus alors à vous partager que votre haine de ceux qui sont partis, de ceux qui auront refusé d'être de force solidaires avec vous, de partager les objectifs que vous vouliez leur fixer. Vous les détesterez parce qu'ils auront choisi de vivre par et pour eux-mêmes, et parce qu'ils seront heureux.