Les débats existentiels d’une communauté de volatiles !
Débuté comme un fanzine auto-édité, mettant en scène les débats existentiels d’une colonie de moineaux dans un lieu inconnu, cette histoire a finalement donné naissance à une épopée fantastique de près de 600 pages, éditée en français par l’Association.
Tout commence dans une plaine isolée, en compagnie d’oiseaux dotés de la parole et d’un minimum d’intelligence, qui s’interrogent sur la faim et sur la signification des choses. Dans cet environnement restreint ne résident que deux personnages humains : une grand-mère et son petit-fils idiot, qui sont à l’origine des miettes de donuts dont se nourrissent les volatiles. Une série de phénomènes mystérieux, dont l’apparition d’un œuf géant et le crash d’un avion, va cependant faire basculer leur existence banale dans un monde aussi fascinant qu’angoissant.
Suite à cet événement détonateur, le lecteur accompagne les différents personnages dans un monde en pleine évolution, particulièrement déstabilisant, et assiste à la genèse d’une nouvelle société. Au fil des pages, les oiseaux vont dévoiler leur personnalité et soulever de nombreuses grandes questions relatives au sens de leur existence. En proie à des questionnements et à de nombreux doutes, la petite communauté doit notamment revoir le fondement de ses croyances. Alliant questionnements philosophiques abstraits sur la mort, sur l’origine des choses ou sur l’au-delà, cette belle brique invite à la réflexion. Faisant écho aux angoisses de notre société et à ce besoin de comprendre à tout prix le monde qui nous entoure, cette parabole existentielle saupoudrée d’humour absorbe progressivement le lecteur. Divisé en quatre-vingt chapitres, cette histoire conçue à la base comme une succession de strips, met certes un peu de temps à trouver son rythme, mais prend progressivement forme, tout en parvenant à se trouver une cohérence.
Cette évolution, se retrouve également au niveau du visuel, avec un dessin fort dépouillé qui s’étoffe au fil de la lecture. S’appuyant initialement sur un échange de dialogues sur fond visuel simpliste, l’album offre ensuite de plus en plus de séquences muettes qui contribuent à installer une ambiance. Cette mise en avant du graphisme qui multiplie les passages silencieux, incite également le lecteur à s’interroger sur la signification des différents événements.
« Big questions » est un petit chef-d’œuvre que je vous invite à découvrir au plus vite et que vous retrouverez également dans mon Top de l’année et dans mon Top du Festival d’Angoulême.