Règles douloureuses et infertilité font partie des conséquences fréquentes de ce trouble gynécologique qui touche une femme sur 10, l'endométriose. Cette équipe du Centre de recherche du CHU de Québec vient de franchir un nouveau pas dans la compréhension de ce trouble en découvrant comment une protéine, MIF, en excès entretient le développement de l'endométriose. Ces résultats publiés dans l'American Journal of Pathology en septembre 2012 et commentés dans l'édition de décembre de F1000 Medicine, marquent non seulement un grand pas dans la connaissance de ce trouble mais vont permettre la mise au point d'un traitement plus efficace.
L'endométriose est entraînée par la prolifération de cellules endométriales en dehors de l'utérus. En temps normal, ces cellules qui tapissent l'utérus sont évacuées avec les menstruations et c'est leur prolifération à l'extérieur de l'utérus provoque des réactions immunitaires et inflammatoires et entraîne des douleurs. Ainsi, une fois sur deux environ, les règles douloureuses seraient attribuables à l'endométriose, responsable aussi de saignements irréguliers, de maux de dos, de problèmes intestinaux et, dans 40 à 45 % des cas, d'infertilité. L'endométriose pourrait même prédisposer au cancer de l'ovaire dans certains cas plus rares.
Nos travaux démontrent qu'une protéine, le MIF (Migration Inhibitory Factor), qui en situation normale permet la multiplication cellulaire, la réparation des tissus et la production de nouveaux vaisseaux sanguins, est en excès dans le cas de l'endométriose, explique le Dr Akoum, du CHU de Québec et professeur titulaire à la Faculté de médecine de l'Université Laval. Déjà associée par de précédentes études aux symptômes cliniques majeurs de l'endométriose, dans ce trouble, la protéine MIF produit une enzyme qui participe à l'accumulation d'œstrogène dans les cellules endométriales qui stimule à son tour la production de MIF, créant ainsi le cercle vicieux d'amplification de la maladie.
Objectif, ramener la concentration de MIF à un niveau normal : « Les traitements médicaux actuels pour traiter l'endométriose visent généralement la réduction de la production d'œstrogène. Ils sont associés à un fort taux de rechute et présentent des effets néfastes sur les autres tissus et organes qui ont besoin de ces hormones. En plus, puisqu'ils empêchent les ovaires de fonctionner et de produire les hormones nécessaires au maintien du cycle menstruel et de l'ovulation, ils ne sont pas idéaux pour les femmes qui souhaitent avoir des enfants », indique le Dr Akoum. « En brisant cette boucle infernale et en ramenant la concentration de MIF à un niveau normal, on s'attaquerait non seulement au problème d'inflammation et de prolifération anormale des cellules de l'endomètre à l'extérieur de l'utérus, mais aussi à celui de la production locale et anormale d'oestrogènes. Ce traitement pourrait être administré de façon ciblée aux femmes qui produisent trop de MIF, soit environ 70 % des patientes ».
Sources : Communiqué Josianne Vignola Direction des communications CHU de Québec
The American Journal of Pathology doi:10.1016/j.ajpath.2012.05.018 September 2012 Macrophage Migration Inhibitory Factor Is Involved in a Positive Feedback Loop Increasing Aromatase Expression in Endometriosis
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