[Critique DVD ] La servante

Par Gicquel

Suite à un déménagement dans une maison plus grande, la femme d'un professeur de musique persuade celui-ci d'engager une domestique. Mais bientôt, la servante devient la maîtresse et la calme maison devient alors le lieu d'un dramatique huis clos.

"La Servante" de Kim Ki-young

Avec : Lee Eun-shim, Ju Jeung-nyeo

Sortie le 19 decemb 2012

Distribué par Carlotta Films

Durée : 107 minutes

Nombre de : 1

Film classé : Tous publics

Le film :

Les bonus :

Ce film, réalisé dans les années soixante, a été adapté il y a deux ans, dans une version assez différente, sous le titre  « The housemaid » de Im Sang-Soo.. L’original qui ressort sur les écrans au cœur de l’été 2012 fit à l’époque l’effet d’une bombe. Par le sujet abordé (les rapports dominant dominé au sein d’une cellule familiale traditionnelle) et son traitement cinématographique qui dit-on posera les bases du nouveau cinéma coréen.
Je ne vais pas m’amuser au jeu des parallèles, mais les deux films s’opposent sur bien des points, Im Sang-Soo s’étant inspiré de l’œuvre de Kim Ki-Young , pour en faire avant tout un thriller psychologique.


Ici les données sont peut-être moins subtiles, mais tout aussi machiavéliques: la noirceur du trait sonde avec une parfaite cruauté l’âme humaine et ses avatars. Chez Kim, la servante, petite peste en devenir, est la maîtresse absolue du drame qu’elle va mettre en place L’homme est devenu son esclave – contrairement au mari du remake, qui lui a pris les choses en main – et l’épouse, une domestique servile. Acculé à des situations extravagantes, le couple, désormais prisonnier d’un engrenage meurtrier, est d’une soumission totale. Leur vie est devenue infernale.
Si la société coréenne de l’époque se reflète dans cette dramaturgie, elle renvoie aussi la folie meurtrière et schizophrénique de son héroïne, dans des contrées plus obscures, sur lesquelles le réalisateur s’appesantit.
L’adultère, la cruauté, la suspicion… et l’enfance qui n’est pas épargnée.


La musique en ouverture, quasiment déstructurée, devient, au fur et à mesure du dénouement, une composante à part entière, un personnage total, aussi excessif que cette mise en scène de plus en plus diabolique. Le final est d’une lourdeur ridicule. Le mélo tue, et c’est grotesque.

LES SUPPLEMENTS

  • Deux ou trois choses que je sais de Kim Ki-Young (48 mn )

De nombreux cinéastes coréens évoquent leur recontre avec leur aîné , et l’influence de son cinéma sur leur génération de réalisateurs. Ce sont surtout de jeunes réalisateurs qui en règle général  voient le maître comme  quelqu’un d’assez « spécial. Il ne signait des autographes qu’avec des contreparties, du style vous avez vu mes films ?»
Atypique, donc, il n’avait pas l’air bavard, « comment faisait-il alors avec ses équipes, avec les acteurs ? »
Parfois ce sont des propos rapportés d’un autre réalisateur, un peu la bête qui a vu la bête, c’est assez étrange comme conception, et ça ne détermine pas vraiment qui était Kim-Ki Young. On parle de divers articles et anecdotes, ce qui personnellement me laisse un peu sur ma faim. Plus intéressant, la seconde partie s’attache à mettre en parallèle « La femme de feu » que le réalisateur avait signé bien avant « La servante » : la femme est un objet de terreur et l’homme est détruit par cette terreur résument les intervenants qui débattent alors sur les rapports hommes femmes 3

  • La restauration ( 29 mn )

Il s’agit de cinq extraits comparés où l’on s’aperçoit que les noirs sont par exemple plus nets, donnant plus de profondeur, et les zones d’ombres sont éclaircies, conférant à l’image une netteté plus grande. Rayures, poils, sous titrages revus, remasterisation numériqune, c’est parfois assez subtile, surtout que les images sont livrées brut de brut.