« Qui se mue en bête ne souffre plus d’être un Homme. » – Dr. Johnson
En 1965 Hunter S. Thompson, qu’on ne présente plus, passe une année au sein du célèbre Hells Angels Motorcycle Club, un club de motards se revendiquant « la plus redoutable horde motorisée de toute l’histoire de la chrétienté ».
C’est en 1967 que sortira son livre, au pays de la Winchester et du hamburger.
On devra attendre 1979 avant qu’il soit disponible en nos contrées francophones (du moins, en France)
Quand j’ai commencé ce livre, je ne m’attendais pas à lire autant de détails…
L’univers du HAMC (comprenez Hells Angels Motorcycle Club) étant des plus fermés.
Mais dans les années 60 les Hells Angels en sont à leurs débuts et surtout : au début de leur célébrité.
J’ai été étonné par les détails de certaines soirées passée au sein des Angels (car quand on ingurgite de la LSD ou qu’on est pété comme un Polonais, c’est pas facile de se souvenir de grand chose…).
Entre les bastons, les runs (virées à motos de plusieurs centaines de kilomètres), les beuveries et les coupures de journaux d’époque retranscrites ; ce livre à tout pour vous mettre dans l’ambiance des années 60 débridées au sein d’une bande de marginaux barbus et chevelus en Harley (et Indians pour certains!) puant le foutre, l’alcool, la beuh, la crasse et l’huile de vidange.
Agrémenté de citations et de témoignage d’Angels, de flics, d’honnêtes contribuables ou de travestis (et oui), ce livre est tout bonnement génial !
Ne vous attendez pas à lire un manifeste criminel ou quoi que ce soit de ce genre.
A cette époque, Hunter S. Thompson pensait que les Hells Angels des années 60, une vingtaine d’années plus tard, ce retrouveront dans leur petit appartement, en blazer aux poches cousues de divers patch « Hells Angels » à rembourser leur prêt immobilier et à maudire la fougueuse jeunesse qui sème la pagaille dehors.
(Pour vous dire à quel point les Angels étaient loin de leur réputation d’aujourd’hui!).
« Californie / fête du Travail… Au petit matin, dans les rues encore embrumées de Frisco, Hollywood, Berdoo et Oakland, des motards sauvages bardés de chaînes, jeans graisseux et lunettes noires, s’éjectent des plumards et des snacks de nuit et déboulent des garages moites pour foncer sur la péninsule de Monterey, au nord de Big Sur.
Manchette à cent carats : « ALERTE GÉNÉRALE / LES TERREURS MOTORISÉES VONT ENCORE FRAPPER … » Train d’enfer, bruit d’enfer, les Hell’s Angels foncent dans le petit matin sur l’autoroute, bien carrés au fond de leurs selles, chevauchant la bande jaune, slalomant à cent quarante à l’heure à un poil près des bagnoles… comme une horde de vandales soudés à leurs bêtes, des monstres métalliques pétant le feu, bombant poignée dans le coin en plein mille… et gare à vos filles, vu qu’ils mendient pas et qu’il font pas de cadeaux quand ils partent en virée, histoire de faire voir aux paroissiens ce qu’est la classe, leur lâchant au nez une bouffée de frissons qu’ils ne connaîtront jamais… ah, les sacrés mecs, ils s’éclatent à fond la caisse… Petit Jésus, le Busard, Recta, Minus, Teny le Clodo, Frenchy, Mémé Miles, Marvin la Torpille, le Parano, le Caïd, la Brute, Charlie la Décharge, Choco et Zorro et une bonne centaine d’autres, tous gonflés à bloc, zoomant bandeau au front, anneau à l’oreille, barbes et crinières claquant au vent, entre les bagnoles emboîtant vite fait devant cette armada motorisée filant dans les éclairs foudroyant des chaînes meurtrières, des swastikas, des chromes flambants des Harley désossées et le tonnerre grondant des pots… »
Alors que vous soyez, comme moi, un supporter et fan du HAMC ou simplement un lecteur qui cherche un bon livre ; je dirais même un « livre d’histoire alternative » (pour faire pompeux), ce livre est fait pour vous !
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