Sans que ce soit lié à une nouvelle infection, le papillomavirus humain (HPV) peut se réactiver chez les femmes après la ménopause suite à une infection acquise des années auparavant, et ces infections peuvent rester ainsi, à l'état latent jusqu'à durant 2 ans, en dessous des limites de détection, un peu comme le virus varicelle-zona, nous apprennent ces chercheurs de de l'Université Johns Hopkins. Ces données, publiées dans l'édition du 12 décembre du Journal of Infectious Diseases suggèrent la nécessité de mieux comprendre cette persistance du HPV et son processus de réactivation, en particulier chez les femmes de la génération du baby-boom.
Dans de précédentes études, le HPV a été détecté chez 25 à 50% des jeunes femmes sexuellement actives, mais, dans la plupart des cas, au bout de deux ans, le virus n'est plus détecté. Ainsi les pics d'infection au HPV, identifiés chez les jeunes femmes, commencent à décliner dans la petite trentaine. Cependant, d'autres études, menées en Europe centrale et en Amérique du Sud montrent aussi un second pic des infections à HPV, autour de la ménopause, alors qu'aux États-Unis et en Europe, la prévalence du virus reste faible ou continue à diminuer avec l'âge.
Le Patti E. Gravitt, de la Bloomberg School de l'Université Johns Hopkins et d'autres chercheurs de la Perdana University (Serdang, Malaysie) ont donc entrepris d'étudier les facteurs qui pourraient expliquer ces différences en analysant ces écarts durant ces dernières années en relation avec les comportements sexuels par groupes d'âge. Leur étude a porté, de 2008 à 2011, sur 850 femmes âgées de 35 à 60 ans, dépistées en routine pour le cancer du col. La prévalence du HPV s'est révélée,
· –logiquement- plus élevée chez les femmes ayant déclaré un nouveau partenaire sexuel dans les 6 mois précédant l'étude (soit moins de 3%),
· 90% des infections à HPV ont été détectées chez les femmes ayant eu plus d'un partenaire
· 77% chez des femmes ayant déclaré au moins 5 partenaires sexuels au cours de leur vie.
· Les femmes qui ont eu leur premier rapport sexuel pendant et après la révolution sexuelle des années 1960-70 s'avèrent présenter un risque significativement plus élevé d'infection à HPV probablement en raison de un nombre plus élevé de partenaires sexuels au cours de leur vie.
Les données soulèvent la possibilité d'un risque de réactivation pouvant augmenter vers l'âge de 50 ans et qui expliquerait un taux de détection du HPV chez des femmes âgées, écrivent les chercheurs. Ainsi les femmes qui sont maintenant en transition vers la ménopause ont un risque plus élevé que leurs mères, expliquent le Dr Gravitt. Ces résultats viennent confirmer, selon les auteurs, plusieurs autres études suggérant que le HPV pouvait être détecté à nouveau après une longue période de non-détection, mais qui n'avaient alors pas tranché entre la réactivation d'une infection persistante à bas niveau ou une nouvelle infection. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le développement de l'infection à HPV chez les femmes âgées, comprendre le processus de persistance du virus et sa réactivation. Il est, selon les auteurs, urgent d'évaluer avec précision le risque post-ménopausique possible de cancer invasif du col chez ce groupe de femmes de la génération du baby-boom et de mettre en œuvre des stratégies de prévention spécifiques.
Source: Journal of Infectious Diseases online December 12, 2012 doi:10.1093/infdis/jis660 A Cohort Effect of the Sexual Revolution May Be Masking an Increase in Human Papillomavirus Detection at Menopause in the United States